Après « Béryl », la menace d’ouragans toujours plus intenses
L’ouragan Béryl, de passage dans l’Atlantique nord entre le 28 juin et le 12 juillet 2024, a surpris à la fois par son arrivée précoce dans la saison et son intensification rapide. L’augmentation de la température des océans, due au changement climatique pourrait largement favoriser l’essor d’ouragans aussi intenses.
Vents à plus de 270 km/h, pluies diluviennes, au moins 33 morts et plus de 3 milliards de dollars de dégâts estimés : entre le 28 juin et le 12 juillet 2024, l’ouragan Béryl a frappé successivement les Caraïbes, le Mexique et le sud des États-Unis (voir sa trajectoire sur la carte, Figure 1).
Il s’agit du premier ouragan majeur de la saison 2024 en Atlantique nord – qui s’étend officiellement du 1er juin au 30 novembre.
L’ouragan le plus puissant jamais enregistré
Béryl a connu un développement particulièrement rapide, passant du statut de tempête tropicale à celui d’ouragan de catégorie 4 sur l’échelle de Saffir-Simpson en moins de quarante-huit heures. Il a même atteint la catégorie 5 – soit la plus haute possible – le 2 juillet au moment de son passage dans la mer des Caraïbes, devenant ainsi l’ouragan le plus puissant jamais enregistré pour un mois de juillet.
Au-delà de ce record, Bérylse distingue également par son arrivée précoce dans la saison des ouragans. Selon Davide Faranda, directeur de recherche au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE-IPSL), cela est dû à « plusieurs facteurs climatiques exceptionnels, notamment des températures de la mer anormalement élevées et une forte humidité atmosphérique ».
En effet, d’après le US National Hurricane Center, les températures océaniques ont atteint 28 à 29 °C dans la zone où Béryl s’est intensifié : en s’évaporant, ces eaux chaudes ont servi de « carburant » et ont favorisé le développement rapide de l’ouragan. Béryl a également bénéficié de l’achèvement récent d’un épisode du phénomène El Niño, qui a tendance à empêcher l’intensification des ouragans.
« Un événement unique » dû à la variabilité climatique
« L’ouragan Béryl est un événement largement unique, auquel la variabilité climatique a contribué », affirme une étude à laquelle a pris part Davide Faranda, dans le cadre de l’initiative ClimaMeter – dont le but est de comprendre l’attribution des phénomènes météorologiques extrêmes au changement climatique. En se basant sur plus de 40 années de données historiques, cette étude montre que les ouragans similaires à Béryl se sont révélés jusqu’à 30 % plus venteux et 10 % plus pluvieux sur la période 2001 – 2023 par rapport à la période 1979 – 2001.
« À l’avenir, l’augmentation des températures de surface de la mer pourrait favoriser la formation plus précoce des tempêtes et prolonger la durée de la saison des ouragans », ajoute le chercheur. Dans son 6e rapport d’évaluation, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) confirme : « la proportion des ouragans de catégorie 4 ou 5 devrait augmenter à l’échelle globale du fait du changement climatique ». Béryl est déjà le 37e ouragan de catégorie 5 touchant l’Atlantique nord depuis un siècle, le 15e depuis l’an 2000 !
Météo France prévoit entre 9 et 15 ouragans d’ici la fin novembre – contre 7 en moyenne sur la période 1991 – 2020 -, dont 3 à 7 ouragans dits « majeurs », de catégorie 3 ou supérieure. Une saison 2024 chargée.
Pour en savoir plus
- Écoutez l’épisode IPSL News « Gels tardifs : la faute au réchauffement climatique ? » avec Robert Vautard (Groupe de Travail I/GIEC).
- Écoutez l’épisode IPSL News « Montée des eaux : comment modéliser la fonte des glaciers ? » avec Clara Burgard (LOCEAN-IPSL).