Nicolas Berghmans, responsable Europe et expert énergie-climat à l’IDDRI
Conditions de déploiement d’une filière hydrogène pour la neutralité climat

L’hydrogène vert ou bas-carbone a un rôle à jouer pour décarboner certaines activités humaines mais ses caractéristiques physiques en font un vecteur énergétique qui ne pourra pas se substituer parfaitement au gaz naturel dans le système énergétique actuel. Son développement compatible avec l’atteinte des objectifs climatiques repose sur des arbitrages importants de politique publique concernant la priorisation de ses usages, la création de nouveaux marchés, le développement de nouvelles technologies et de nouveaux modes d’approvisionnement sur le plan domestique comme sur le plan international.

Blanche Lormeteau, juriste en droit public, Université de Rennes
La structuration anticipée d’un régime juridique tourné vers la satisfaction d’une filière hydrogène « miraculeuse » : point d’étape et questionnements

L’urgence climatique et l’intensification des enjeux de sécurité énergétique ont précipité l’adoption d’une politique publique et d’un cadre juridique européen et national en faveur de l’hydrogène, présenté comme « une » solution pour décarboner les processus industriels et certains secteurs économiques.

Si la filière n’est pas encore pleinement technologiquement opérante, le cadre juridique proposé – au prix de nombreux marchandages et passes d’armes – s’inscrit dans une démarche anticipatrice, souhaitant devancer les difficultés qu’ont pu connaître avant elle les nouveaux secteurs énergétiques : qualification juridique fondée sur les bénéfices climatiques ; structuration d’un marché commun ; élaboration des dispositifs de soutien public etc.

C’est finalement sur l’intégration de l’hydrogène dans un système énergétique en pleine mutation que les interrogations demeurent : quelle place pour cette filière industrielle dans une transition énergétique fondée à la fois sur la décentralisation des systèmes et sur la réappropriation territoriale des enjeux énergétiques ? Quelle articulation avec les politiques de sobriété énergétique et de maitrise de la consommation rendues plus effectives par la territorialisation de l’énergie ?

Enfin, la recherche et l’exploitation de l’hydrogène, natif ou industriel, devrait engager également une réflexion quant à ses coûts et bénéfices environnementaux, qui n’est actuellement pas menée, au bénéfice d’une classique proposition d’un cadre « simplifié » au soutien de la filière, sur le fondement de la défense de l’indépendance énergétique.