Les derniers Thiofs


Le secteur halieutique (pêche, transformation, exportation de poisson) occupe une place primordiale dans l’économie sénégalaise.

Il représente 32% des exportations du pays, fournit 75% des apports en protéines animales de la population, et génère environ 600 000 emplois directs et indirects (15% de la population active). Consommé quotidiennement par nombre de sénégalais.es, et central au plat national, le ceebujën, le poisson contribue aussi à l’identité culturelle du Sénégal.

Cette production considérable est possible grâce à un phénomène climatique caractéristique de la côte atlantique sénégalaise : l’upwelling. De forts vents marins permettent aux eaux froides des profondeurs de l’océan de remonter vers la surface à proximité des côtes. Riches en sels minéraux et en nutriments, ces eaux froides rendent les zones d’upwelling propices au développement des écosystèmes sous-marins, et donc très poissonneuses. Elles ne constituent que 3 % de la surface des océans, mais représentent 40 % du volume de la pêche mondiale.

En réduisant les écarts de températures entre eaux profondes et eaux de surface en Atlantique, le réchauffement climatique menace l’upwelling et ses bénéfices pour la biodiversité. Également victimes de surpêche, notamment par des navires industriels européens et asiatiques, les ressources halieutiques du Sénégal se raréfient sévèrement.

Le thiof, espèce favorite des sénégalais.es, est en voie de disparation. D’ici 2050, les réserves de poissons de la zone pourraient ne plus satisfaire les besoins alimentaires de la population.

Lorsque les poissons sont privés d’environnements favorables, les personnes qui en dépendent tombent à leur tour dans l’insécurité économique et alimentaire. Doit-on donc considérer les communautés de pêche sénégalaises comme des réfugié.es climatiques ?

Saly Toure


IPSL et LMD-IPSL