Île Maurice : les volcans peuvent-ils être considérés comme actifs ?


L’île Maurice est une île volcanique associée au point chaud de la Réunion. Son activité a débuté il y a plus de 9 Ma avec la phase principale de construction de l’île pendant près de 5 millions d’années. Puis cette activité volcanique sur l’île Maurice a largement décrue au fur et à mesure que la lithosphère se déplaçait vers le Nord. Le point chaud se trouve actuellement sous l’île de la Réunion qui se construit depuis plus de 3 Ma. Cependant, le volcanisme de l’île Maurice ne s’est pas arrêté et des coulées de lave récentes recouvrent une partie de sa surface. Il apparaissait donc important de dater avec une plus grande précision ces coulées de lave récentes afin de montrer que l’île Maurice peut encore subir un volcanisme effusif, ce qui aurait nécessairement de forts impacts sociétaux.

Des scientifiques apportent des nouvelles datations K-Ar1 obtenues par la méthode Cassignol-Gillot. Cette technique, spécialement développée pour détecter des quantités d’argon 40 radiogénique très faible, nous a permis d’obtenir des âges entre 113 ± 7 et 14 ± 3 ka, sur mésostase ou plagioclases contenant moins de 0.5% de potassium.

 

Carte géologique simplifiée de l’île Maurice montrant la localisation des séries ancienne (vert), intermédiaire (bleue) et jeune (beige), et des échantillons de cette étude (a). Distribution des âges radiométriques précédemment publiés (b). © Référence bibliographique

 

Nos nouveaux âges K-Ar étendent cette phase récente de volcanisme de l’île Maurice vers l’Holocène. La géochimie des éléments majeurs et traces de ces laves basaltiques ne présente pas de différences marquées avec les magmas émis depuis environ 1 Ma. Ceci implique que le magmatisme reste dans un état stable de la source à la surface, sans fractionnement important.

 

Spectre de probabilité (Deino et Potts, 1992) montrant les périodes d’activité volcanique de l’île Maurice au cours des 150 derniers ka. D. R.

 

Cette étude démontre que l’île Maurice doit être considérée comme active et que le volcanisme peut reprendre dans le futur. Cependant, étant donné le volume relativement faible de ce volcanisme récent et le fait que seules trois périodes d’activité ont été observées ici depuis 100 ka, la probabilité d’une éruption dans un avenir proche semble plutôt faible.

Pour en savoir plus

Les laboratoires CNRS impliqués

  • Géosciences Paris-Saclay (GEOPS-OSUPS, Univ. Paris-Saclay/CNRS)
  • Institut de physique du globe de Paris (IPGP, CNRS/IPG)
  • Laboratoire GéoSciences Réunion (LGSR-OSU Réunion, Univ. La Réunion/IPGP/Univ. Paris-Diderot/ CNRS)

Référence

Quidelleur X., Famin V., 2024. Last 150 kyr volcanic activity on Mauritius Island (Indian Ocean) revealed by new Cassignol-Gillot unspiked K-Ar ages. Quat. Geochro. 82, 101534.

Contacts

Source : CNRS Terre & Univers.

Xavier Quidelleur


GEOPS-IPSL