Circulation océanique : un risque de réchauffement climatique plus important à court terme


Les projections du climat futur issues des modèles de climat représentent une source d’information cruciale pour la planification de l’adaptation et de l’atténuation du changement climatique en cours.

Certains modèles de climat de dernière génération (issus de la 6e phase du projet d’intercomparaison, nommé CMIP6) sont caractérisés par une variabilité climatique interne – que l’on définit comme la variabilité intrinsèque non forcée du système climatique – à des échelles multi-décennales et centennales plus importantes que leurs homologues de la génération précédente. Ces variations lentes peuvent avoir des implications importantes, puisqu’elles peuvent temporairement renforcer ou réduire l’empreinte à long terme du changement climatique induit par l’augmentation de la concentration en gaz à effet de serre.

Dans cette étude, nous examinons cette problématique à partir d’un ensemble de 32 simulations climatiques disponibles sur la période 1850-2059 et réalisées avec le modèle IPSL-CM6A-LR. Ces simulations partagent toutes le même forçage externe (qui inclut les gaz à effet de serre, les aérosols anthropiques et volcaniques, l’intensité du rayonnement solaire), mais possèdent des conditions initiales différentes et ont donc chacune une expression différente de la variabilité interne. Les simulations les plus cohérentes avec le réchauffement observé depuis les années 1940 présentent un ralentissement de la circulation méridienne de retournement Atlantique (AMOC).

Représentation de la circulation de retournement de l’Atlantique Nord avec l’emplacement des mouillages du réseau RAPID le long de 26°N. Les flèches noires représentent le transport entraîné directement par le vent (principalement vers le nord). Les flèches rouges illustrent la circulation des eaux chaudes à la surface et les flèches bleues indiquent le flux principalement vers le sud des eaux profondes plus froides et plus denses. (source : https://www.rapid.ac.uk/background.php)

 

Ce ralentissement est cohérent avec plusieurs reconstructions de l’AMOC et semble en grande partie lié à la variabilité interne climatique. Au cours des prochaines décennies, la variabilité interne de ces simulations est caractérisée par une accélération relative de la circulation océanique dans l’Atlantique Nord, induisant un réchauffement global plus important par rapport au reste de l’ensemble. Ces résultats, s’ils se confirment, suggèrent qu’il sera plus difficile d’éviter le franchissement du seuil de réchauffement de 2 °C. Afin d’évaluer ces résultats, des études futures évaluant le réalisme de cette variabilité sont nécessaires.

Pour en savoir plus

Références

Bonnet, R., Swingedouw, D., Gastineau, G., Boucher, O., Deshayes, J., Hourdin, F., … & Sima, A. (2021). Increased risk of near term global warming due to a recent AMOC weakening. Nature communications, 12(1), 1-9. https://doi.org/10.1038/s41467-021-26370-0

Présentation du modèle IPSL-CM6A-LR
Boucher, O., Servonnat, J., Albright, A. L., Aumont, O., Balkanski, Y., Bastrikov, V., … & Vuichard, N. (2020). Presentation and evaluation of the IPSL‐CM6A‐LR climate model. Journal of Advances in Modeling Earth Systems, 12(7), e2019MS002010.

Description de CMIP6
https://www.carbonbrief.org/cmip6-the-next-generation-of-climate-models-explained

Qu’est-ce que la circulation de retournement de l’Atlantique Nord ?
https://www.insu.cnrs.fr/fr/Gulf-stream-et-climat

Rémy Bonnet


Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL)