Séminaire
Technicisation des impacts du changement climatique : de la cartographie du risque aux réponses politiques
Aglaé Jézéquel et Adèle Tanguy
Nouvelle séance du séminaire « Changement Climatique : Sciences, Sociétés, Politique » co-organisé par le Centre Alexandre-Koyré (EHESS-CNRS) et l’ENS (CERES).
Description
Le séminaire « Changement climatique : sciences, sociétés, politique » est consacré aux multiples défis que soulève le problème du changement climatique, au travers d’objets variés abordés en croisant les regards disciplinaires, les perspectives et les échelles. Chaque séance du séminaire aborde une question vive avec deux présentations apportant (dans la mesure du possible) des éclairages des sciences de la nature et des sciences sociales. Interviendront aussi des experts et des acteurs politiques, économiques ou de la société civile.
Aglaé Jézéquel, climatologue, LMD
La climatisation des catastrophes dites « naturelles »
Le changement climatique a une influence sur l’occurrence et sur l’intensité des événements météorologiques extrêmes, comme les canicules, les précipitations extrêmes ou les sécheresses.
Dans ce contexte non stationnaire, comprendre comment les événements observés sont affectés par le changement climatique et à quoi pourraient ressembler les événements extrêmes du futur est un des travaux menés par les climatologues, notamment à travers l’attribution d’événements extrêmes, qui analyse comment certains événements observés ont été influencés par le changement climatique.
Cependant, les catastrophes naturelles ne sont pas uniquement des conséquences des aléas climatiques, mais dépendent également de structures socio-politiques qui vont déterminer l’exposition et la vulnérabilité des infrastructures, des populations et des écosystèmes.
Les travaux sur la causalité des catastrophes, et sur les responsabilités sous-jacentes sont aujourd’hui principalement développés en silo, avec d’un côté la communauté des climatologues et de l’autre la communauté de la prévention des risques. Je discuterai dans cette présentation des limites de cette approche en silo, à travers l’exemple de l’attribution d’événements extrêmes.
Adèle Tanguy, politiste, IDDRI
L’adaptation comme anticipation et planification de transformations à l’échelle des systèmes, un objet de choix politiques et sociaux
L’adaptation, définie largement par le GIEC (2022) comme « le processus d’ajustement au changement climatique réel ou attendu et à ses effets, afin de modérer les conséquences négatives ou d’exploiter les opportunités », englobe différentes approches qui varient en termes d’échelle, de portée et de nature, qui font l’objet de choix s’inscrivant dans des imaginaires socio-techniques différents.
L’existence de limites strictes à l’adaptation, lorsqu’aucune action ne peut empêcher des risques intolérables, et de limites dites souples, souvent liées à des contraintes socio-économiques ou culturelles, nous incitent à anticiper les transformations profondes des pratiques et attributs fondamentaux des systèmes afin de ne pas les atteindre.
Ces transformations invitent à dépasser les approches techniques de réponse aux risques climatiques et considérer l’adaptation dans toutes ses dimensions, au croisement d’enjeux techniques, politiques, sociaux, institutionnels et de gouvernance, et ainsi à la placer au centre d’une délibération politique et sociale autour des choix d’adaptation et de la manière s’inscrivent dans un projet collectivement partagé, en considérant interdépendances entre échelles de décision, secteurs et territoires.
À partir de ces constats, je discuterai de la manière dont ces enjeux se traduisent opérationnellement dans la planification et la mise en œuvre des politiques d’adaptation.
Informations supplémentaires
Les organisatrices : Hélène Guillemot, Aglaé Jézéquel et Amy Dahan
Lieu
La séance se tiendra de 14h à 17h à l’École Normale Supérieure
Amphithéâtre Galois
45 rue d’Ulm – Paris 5e