Le réchauffement planétaire résultant des activités humaines : un nouveau record a été atteint


Un groupe international de scientifiques publie aujourd’hui une mise à jour des principaux indicateurs climatiques clés du rapport du groupe de travail n°1 (bases physiques du changement climatique) de la sixième évaluation du GIEC, paru en août 2021. La contribution des chercheurs et chercheuses des laboratoires français concerne une large gamme des indicateurs mis à jour, dont l’estimation des émissions de gaz à effet de serre, du réchauffement induit par les activités humaines, du déséquilibre énergétique de la planète, et des budgets carbone résiduels.

Cette étude, publiée dans la revue internationale Earth System Science Data, fournit une information robuste réactualisée sur le réchauffement planétaire et la contribution humaine à celui-ci, à partir de l’extension des jeux de données disponibles et des méthodes rigoureusement évaluées dans le rapport du GIEC de 2021. Une plateforme rend ces résultats accessibles, suivant les principes de données et sciences ouvertes : le site web Indicators of Global Climate Change (https://igcc.earth). Les principaux indicateurs climatiques seront réactualisés chaque année.

Les principaux résultats indiquent que les émissions de gaz à effet de serre atteignent un niveau inédit en 2022, renforçant l’accumulation de chaleur dans le système climatique et le réchauffement planétaire. « Le réchauffement induit par les activités humaines depuis la période pré-industrielle (1850-1900) a atteint 1,14 °C en moyenne au cours de la dernière décennie (2013-2022) » indique Aurélien Ribes, chercheur au Centre National de Recherches Météorologiques (CNRM, Météo-France, CNRS). Ce chiffre est en hausse par rapport aux 1,07 °C enregistrés entre 2010 et 2019, et rapportés dans le rapport du GIEC. Le réchauffement dû aux activités humaines s’accroît à un rythme de plus de 0,2 °C par décennie.

Pierre Friedlingstein, chercheur CNRS au Laboratoire de météorologie dynamique ajoute : « C’est malheureusement prévisible, car les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent à augmenter, elles atteignaient 55 milliards de tonnes de dioxyde de carbone-équivalent par an en 2021, alors qu’il faudrait qu’elles baissent le plus rapidement possible. » Le budget carbone résiduel – la marge de manœuvre, exprimée en quantité totale de dioxyde de carbone qui pourrait encore être émise tout en gardant plus de 50 % de chance de limiter le réchauffement de la planète sous 1,5 °C – s’épuise rapidement, et a été divisé par deux par rapport à l’estimation du GIEC. Cette forte réduction du budget carbone résiduel estimé est due à la combinaison de la poursuite des émissions depuis 2020 et de la mise à jour des estimations du réchauffement induit par les activités humaines.

Cette nouvelle étude est publiée au moment où les représentants de tous les pays sont réunis à Bonn pour des échanges techniques en préparation de la conférence sur le climat COP28 qui se tiendra aux Émirats arabes unis en décembre. Cette COP fera le premier bilan mondial de l’Accord de Paris sur le climat, et des progrès réalisés par rapport à ses objectifs, en particulier pour limiter le réchauffement de la planète nettement sous 2°C voire à 1,5 °C.

Valérie Masson-Delmotte, chercheuse CEA à l’IPSL/LSCE (CEA/CNRS/UVSQ), à l’Université Paris-Saclay, qui a co-présidé le groupe de travail 1 du sixième rapport d’évaluation du GIEC et a participé à cette publication sur la réactualisation des indicateurs climatiques, a déclaré :

« Cette mise à jour rigoureuse montre que le réchauffement de notre climat s’amplifie sous l’effet des activités humaines. C’est un appel au sursaut qui tombe à point nommé, au moment du premier bilan mondial de l’Accord de Paris sur le climat, en 2023 – le rythme et l’ampleur de l’action pour le climat ne sont pas aujourd’hui suffisants pour limiter l’intensification des risques liés au changement climatique. »

 

Pour en savoir plus

Références
Indicators of Global Climate Change 2022: Annual update of large-scale indicators of the state of the climate system and the human influence. Earth Syst. Sci. Data Discuss. https://doi.org/10.5194/essd-2023-166

Sources : CEA, CNRS, Météo France.

Sources : CEA, CNRS, Météo France


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