Retour sur l’éruption volcanique de Hunga de 2022
Les impacts atmosphériques ont été dévoilés dans un rapport publié par l’APARC.
Le rapport sur les impacts atmosphériques de l’éruption volcanique de Hunga, publié par APARC, une branche du programme mondial de recherche sur le climat, vient d’être annoncé lors de la conférence AGU à La Nouvelle-Orléans. Plusieurs scientifiques de laboratoires associés au CNRS (LATMOS, LMD, LISA LOA, LPC2E, LaCY) et du CEA ont contribué à ce rapport en tant qu’auteurs principaux ou contributeurs.

L’éruption du volcan Hunga du 15 janvier 2022 était une éruption explosive sous-marine de forte magnitude (Indice d’Explosivité Volcanique 6), unique à l’ère des observations satellitaires. Le panache le plus élevé a atteint 58 km d’altitude dans la basse mésosphère. Le panache volcanique principal s’est détaché à 30-35 km, avec une descente rapide en quelques jours vers une couche à 26-30 km d’altitude.
L’éruption du Hunga a produit un panache atteignant 58 km en moins de 20 minutes et des réponses à court terme d’ondes de gravité et d’ondes de Lamb sans précédent dans les observations ; ces perturbations ont traversé le globe plusieurs fois et se sont étendues jusqu’au sommet de l’atmosphère (y compris la thermosphère et l’ionosphère).
L’éruption du Hunga a augmenté la charge mondiale en vapeur d’eau stratosphérique d’environ 10 %. La majeure partie de cette vapeur d’eau est restée dans la stratosphère jusqu’en 2025. Le refroidissement infrarouge dû à la vapeur d’eau du Hunga a entraîné la descente du nuage initial vers environ 23-27 km d’altitude à la mi-février 2022, où il est resté pendant les mois suivants.
La vapeur d’eau du Hunga a entraîné un refroidissement de 0,5-1 K dans la stratosphère globale (50-1 hPa) au cours des deux premières années, et un refroidissement de 1-2 K dans la mésosphère après 2023. Ceci contraste avec les précédentes grandes éruptions volcaniques où les aérosols ont entraîné un réchauffement stratosphérique.
L’émission de SO2 générée par l’éruption a été estimée à ~20 Tg, mais le contexte sous-marin peu profond a éliminé la plupart de ce soufre volcanique (~95 % ont été dilués dans l’eau de mer). Seule une quantité modeste (~0,5-1 Tg) de dioxyde de soufre a donc été transportée jusque-là stratosphère, ce qui représente un ordre de grandeur de moins que l’injection stratosphérique de SO2 du mont Pinatubo.
Dans les mois suivant l’éruption, des perturbations substantielles de l’ozone stratosphérique et des gaz traces associés ont été observées dans tout l’hémisphère sud. L’éruption de Hunga n’a pas eu d’impact significatif sur le trou d’ozone antarctique ni sur l’ozone dans la stratosphère arctique.
Les températures de surface mondiales record de 2023/2024 n’étaient pas dues à l’éruption du Hunga. Le forçage radiatif mondial moyen de la tropopause dû au Hunga était d’environ −0,4 W/m2 en moyenne sur les deux premières années ; ce refroidissement était principalement causé par l’atténuation du rayonnement solaire par les aérosols (l’eau étant montée dans des niveaux trop chauds pour avoir un effet en surface). Le refroidissement maximum induit par le Hunga dans la température de l’air à la surface mondiale a été estimé à 0,05 K (avec une incertitude d’environ 50 %), mais ce refroidissement est indiscernable de la variabilité de fond.
Pour en savoir plus
Référence
The Hunga Volcanic Eruption Atmospheric Impacts Report
Contacts
– Sergey Khaykin,
– Pasquale Sellitto,
– Aurélien Podglajen,
– Bernard legras,