Intensification de la mousson SE asiatique durant les derniers 3.6 millions d’années
L’enregistrement des effets de la mousson Sud-Est asiatique dans les dépôts de loess (sédiment éolien) au centre de la Chine se manifeste par des variations dans la taille des particules de poussière qui y sont déposées. Les sédiments grossiers témoignent d’une période de mousson hivernale caractérisée par des vents puissants engendrés par l’anticyclone sibérien, transportant des particules depuis les déserts du nord de la Chine. En revanche, les dépôts composés principalement de particules de fine poussière caractérisent des périodes de mousson estivale.
Une équipe franco-chinoise a entrepris la recherche de transitions abruptes dans les données granulométriques à haute résolution temporelle de séquences de loess chinoises dans le cadre du projet H2020 TiPES. Les chercheurs ont comparé les intervalles de transitions abruptes détectées dans ces séquences à celles observées dans le δ18O de spéléothèmes chinois offrant l’une des meilleures représentations du climat terrestre au cours des derniers 650 000 ans. Cette comparaison révèle que les moussons hivernales et estivales Sud-Est asiatiques ont co-varié à des échelles de temps glaciaires-interglaciaires à millénaires.
Par ailleurs en étendant l’intervalle temporel plus long, couvrant les 3,6 derniers millions d’années, la même analyse statistique révèle une évolution de la mousson Sud-Est asiatique hivernale en trois étapes d’intensité croissante : (1) de 3,6 Ma à 2,6 Ma, (2) de 2,6 Ma à 1,2 Ma, et (3) de 1,2 Ma à nos jours. Ces étapes caractérisent l’histoire climatique de l’Hémisphère Nord marquée notamment par l’installation, le développement et l’expansion maximale des calottes sur l’Amérique du Nord et l’Eurasie. Ces étapes représentent de nouvelles références pour la compréhension de la mousson SE asiatique et la synchronisation de différents indicateurs à l’échelle mondiale.
Pour en savoir plus
Le rapport isotopique de l’oxygène constitue la base principale de la reconstitution de la température d’un site à partir des spéléothèmes.
Laboratoires CNRS impliqués
Géosciences Montpellier (OREME) et Laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD-IPSL – Ecce Terra)
Référence
D.-D. Rousseau, W. Bagniewski, Y. Sun, Detection of abrupt changes in East Asian monsoon from Chinese loess and speleothem records. Global and Planetary Change 227 104154 (2023).
Contact
Denis-Didier Rousseau, Géosciences Montpellier •
Source : CNRS-INSU.