Campagne OBS-Austral • Journal de bord, 19-26 janvier 2024


Au matin du 19 janvier 2024, l’île de la Possession et l’île de l’est de l’archipel de Crozet ont commencé à se détacher d’entre les nuages.

Nous avons pu nous approcher de l’île de la Possession sur laquelle se trouve la base Alfred Faure et où deux ornithologues débarquaient. Durant ces opérations, le Marion Dufresne ancré dans la Baie des Marins était entouré de manchots royaux que nous avons pu observer nager le long de la coque.

 

Manchots. © Jean-Yves Toullec

 

Base Alfred Faure et manchotière. © Héloïse Caraty

 

Après cet instant suspendu dans le temps, nous sommes repartis plein sud pour les deux stations aux plus hautes latitudes sud de la campagne. Le 23 janvier nous avons échantillonné la station O11, à 56°S jusqu’à une profondeur de 4800m à l’aide de la rosette CTD. Après 3h30 de descente jusqu’au fond, puis de remontée des bouteilles Niskin, nous avons pu prélever de l’eau Antarctique de fond. Cette eau se forme proche du continent Antarctique, elle s’y refroidit et devient si dense qu’elle plonge et atteint le fond. Une fois au fond, une partie se mélange avec les eaux du courant circumpolaire et donc va progressivement remonter vers la surface en faisant le tour du continent. Le reste se déplace vers le nord, s’éloignant de l’Antarctique en tapissant le fond des océans atlantique, pacifique et indien. C’était donc une station pour laquelle l’équipe OISO a une affection toute particulière.

Durant cette semaine, 7 chaluts de l’équipe Themisto ont été déployés et remontés à bord par les marins du pont. Grâce à ces chaluts, des poissons mésopélagiques, les myctophidés, sont collectés ce qui intéresse une doctorante du MIO (Marseille). En effet, cette année il y a à bord Capucine qui récolte les bactéries bioluminescentes présentes dans les organes de ces poissons et sur leur peau. Isolées sur des boîtes de Pétri, les souches bactériennes seront par la suite identifiées par des techniques moléculaires. Ses tubes deviennent lumineux après avoir été agités !

 

Tube et boîte de Pétri remplis de bactéries bioluminescentes. © Capucine Le Cam Ligier

 

Boîte remplie de myctophidés. © Capucine Le Cam Ligier

 

Entre deux stations d’échantillonnage, il est aussi possible de visiter les machines du Marion Dufresne. Les équipes de mécaniciens nous expliquent ce qui nous permet de tous vivre sur ce bateau, les systèmes de désalinisation d’eau de mer, la gestion des eaux usées, les réserves de fioul, les ateliers, les moteurs et groupes électrogènes… Deux ponts, les plus bas, sont entièrement dédiés aux machines et aux cales de stockage pour les campagnes de ravitaillement que le bateau effectue. En effet, le Marion Dufresne est partagé entre la Flotte Océanographique Française et la préfecture Terres Australes et Antarctiques Françaises. S’alternent donc les campagnes océanographiques et les rotations de ravitaillement des bases des TAAF, quatre fois par an. En ce moment les cales sont donc pratiquement vides.

 

Visite des machines. © Auguste Lugrin

 

Enfin, l’une des traditions durant les campagnes dans les îles australes est la philatélie. Envoyer du courrier depuis le bateau, qui passera par le bureau de poste de Kerguelen, est un incontournable. Décorées de timbres de collection ainsi que des tampons de chaque équipe scientifique et officiers à bord, ces lettres portent les souvenirs des jours passés à bord et du vent qui souffle sur ces îles isolées. Le moment dédié au tamponnage du courrier est donc une activité à laquelle nombre de personnes à bord assistent.

 

Séance de philatélie. © Auguste Lugrin

 

Journal de bord écrit par Héloïse Caraty.

Héloïse Caraty


LOCEAN-IPSL