Le séminaire « Changement climatique : sciences, sociétés, politique » est consacré aux multiples défis que soulève le problème du changement climatique, au travers d’objets variés abordés en croisant les regards disciplinaires, les perspectives et les échelles. Chaque séance du séminaire aborde une question vive avec deux présentations apportant (dans la mesure du possible) des éclairages des sciences de la nature et des sciences sociales. Interviendront aussi des experts et des acteurs politiques, économiques ou de la société civile.

Jean-Baptiste Fressoz, historien (CNRS)
Le technofuturisme et ses problèmes : une brève histoire de l’engouement technologique au sein du groupe III du GIEC »

Je parlerai d’un article que j’ai soumis à la rentrée suite à un colloque organisé par J. Jouzel à l’Académie des sciences. Dans les six rapports qu’a publiés le groupe III du GIEC de 1992 à 2022, les discussions technologiques occupent une part écrasante. À l’inverse, les questions de réduction de la demande et de sobriété ont longtemps été réduites à la portion congrue. Cet article propose une quantification du biais technologique des rapports du groupe III. Il en propose ensuite une explication historique qui tient à l’origine de l’économie du climat et au contexte qui présida à la formation du GIEC en 1988. Dans le cas des CCS et des BECCS, il montre l’influence de l’expertise de l’industrie fossile dans la définition du panel des solutions considérées par le groupe III.

Béatrice Cointe, sociologue (École des Mines)
« L’espace des possibles climatiques » et son infrastructure : GIEC, IIASA et bases de données de scénarios

Les scénarios d’atténuation du changement climatique répertoriés dans les rapports du Groupe III du GIEC constituent une référence partagée. Ils cadrent « l’espace des possibles climatiques », c’est-à-dire le champ d’action climatique qui est envisagé. Cette capacité des scénarios dits “du GIEC » à constituer une référence est l’issue d’un long travail de construction d’une infrastructure de données qui rend possible la collecte, la mise en regard et la mise en discussion des scénarios d’actions climatiques mais qui induit également une certaine standardisation et convergence des hypothèses, notamment sur l’évolution de l’économie et des technologies.

Cet exposé reviendra sur la construction de cette infrastructure depuis la création du GIEC, en soulignant notamment le rôle du Groupe III du GIEC, de la communauté de la « modélisation intégrée » (IAM) et de l’International Institute for Applied Systems Analysis (IIASA). Il soulignera le défi que constitue actuellement l’ambition de diversifier le type de scénarios et de perspectives représentés au sein du Groupe III du GIEC dans un contexte traversé par des controverses sur la croissance économique, les émissions négatives et l’équité.

Les organisatrices : Hélène Guillemot, Aglaé Jézéquel et Amy Dahan

Lieu
La séance se tiendra de 14h à 17h à l’École Normale Supérieure.
Salle des Actes
45 rue d’Ulm – Paris 5^e