[Journée internationale de la Terre nourricière] Des écosystèmes à restaurer


Le 22 Avril c’est la Journée internationale de la Terre nourricière.

Célébrée pour la première fois en 1970, cette journée vise à sensibiliser la société autour de l’interdépendance entre l’être humain, les autres espèces et la planète. Un demi-siècle plus tard, cette question de l’interdépendance est-elle toujours d’actualité ?

Nicolas Viovy est chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE-IPSL). Spécialiste des impacts du changement climatique sur les écosystèmes, il porte une attention particulière au rôle de la biodiversité et de l’adaptation des traits fonctionnels des plantes, dans la résilience des écosystèmes face au changement climatique.

Cette question est toujours d’actualité. Elle est même encore plus d’actualité avec la question du changement climatique, dans la mesure où celui-ci impacte déjà les écosystèmes, dont nous sommes dépendants.

Est-ce qu’on parle aussi des services écosystémiques ?

Oui. Le premier, évidemment, est celui lié à la nourriture. Mais il y a d’autres services écosystémiques qui sont importants pour nous : la régulation de la pollution, les problèmes d’érosion…Tout cela risque d’être dégradé par le changement climatique.

La dégradation des écosystèmes diminue les services associés, dont nous sommes dépendants. La disparition des insectes par exemple, en particulier des insectes pollinisateurs, a un impact sur le rendement d’un certain nombre d’aliments.

Dans le cas des forêts, quels sont les conséquences concrètes du changement climatique ? Plus de mortalité ? Moins de croissance ? 

Oui. D’autant plus que sur les quatre dernières années, nous en avons eu trois marquées par des sècheresses estivales très importantes. Ce que l’on constate, est une mortalité accrue dans les forêts, un dépérissement accéléré sur les 20 dernières années dans différentes régions de France.

Les forêts rendent un service de stockage de carbone dans les sols. Plus de mortalité des arbres, veut dire moins de capacité de stockage et donc un service dégradé.

Est-ce qu’on arrive à compenser la dégradation des écosystèmes ?

Il va falloir adapter notre gestion forestière, ou notre gestion des cultures. Différentes solutions existent : dans les forêts, par exemple, on sait qu’il faut privilégier des systèmes diversifiés et éviter les grandes monocultures. Cela permet d’éviter la propagation des risques.

Le problème ? Les rotations forestières sont très longues : au minimum entre 50 et 60 ans, pour les espèces nobles comme le chêne on est autour de 140 ans. Les arbres que l’on plante aujourd’hui, vont subir de plein fouet le changement climatique de la fin du siècle. C’est une complexité ultérieure qu’on connaît moins dans les écosystèmes agricoles, qui peuvent s’adapter beaucoup plus rapidement.

Et, en dehors des aspects liés à la gestion, il est nécessaire de restaurer des écosystèmes naturels dégradés, parce qu’il s’agit de zones de régulation et de réservoirs de biodiversité. Sachant que le problème de la biodiversité est fondamental, car il subit le changement climatique et la pression anthropique, il faut parvenir et préserver cette biodiversité. Non seulement garder ces refuges, mais aussi garantir une continuité, afin que les espèces puissent migrer, justement, en réponse au changement climatique.

Spilou de l'ICOM-IPSL pour la Journée internationale de la Terre

Daniel Peyronel (ICOM-IPSL)


Laboratoire LSCE-IPSL (Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement)