Alouestes – Étape 9 : tourisme alternatif au Costa Rica


Le 3 mai 2023, Tiphaine et son compagnon de voyage Glen, débarquent à Anchorage en Alaska, 7500 kilomètres à l’ouest – ou Alouestes de la France.

Depuis, ils roulent à vélo entre les Montagnes Rocheuses et l’océan Pacifique, cap sud vers le Panama, aux portes de l’Amérique du sud. D’étape en étape, le binôme s’arrête à des endroits spectaculaires, bien préservé ou, au contraire, menacés par l’impact anthropique. Des sols gelés dans la vallée du Yukon (Canada) aux plateaux désertiques de la Basse-Californie (Mexique), en passant par les glaciers et les forêts de la Colombie-Britannique (Canada), celle de Tiphaine et Glen n’est pas qu’une aventure humaine, mais aussi un périple scientifique.

Dans cette neuvième et dernière étape, Tiphaine découvre le modèle de tourisme durable du Costa Rica, un pays qui a réussi à freiner une déforestation massive et qui a adopté une stratégie de protection de son paysage et de sa biodiversité remarquable.

Autrefois champion de la déforestation, le Costa Rica est aujourd’hui pionnier en matière d’écotourisme et de tourisme durable. A travers le pays, les croisières sur les rivières se font en kayak ou en bateau à rames et les chevaux qui habituellement transportent les récoltes, baladent les touristes.

La région du Guanacaste est un visage fort de ce renversement environnemental : région hautement déboisée pour l’exploitation agricole, elle voit également ouvrir le premier parc national de Santa Rosa en 1972. Aujourd’hui, 85% de ce territoire a été reboisé et la différence est frappante avec les terrains restants de monoculture aux herbes jaunies par la sécheresse.

 

Les nouvelles Finca

Les hébergements ne proposent pas de services luxueux, mais des sentiers de randonnée et un accès à la biodiversité. Les cabanas de Frank et Luisa (noms changés) en sont un très bel exemple. Aujourd’hui, on ne trouve dans la « finca » – exploitation agricole en espagnol – que quelques produits laitiers de chèvre servis au restaurant ainsi que du bois venant de plantation. La recette principale de ce terrain de 600 hectares sont les touristes venant découvrir le parcours de découverte botanique réalisé par les deux propriétaires suisses allemands, installés dans la région du Guanacaste depuis maintenant 10 ans. « Beaucoup de visiteurs avouent être venus pour voir les troupes de singes hurleurs et araignées qui vivent sur le terrain ou les paresseux sur les palmiers du restaurant » raconte Luisa.

Dans les années 80, les ressources primaires viennent à manquer et le pays connaît une grande crise économique. De là grandissent les politiques de conservation environnementale, les espaces protégés se déploient et la ressource précieuse change : les arbres et la biodiversité. « Au Costa Rica, les agriculteurs sont payés pour les services environnementaux : la séquestration du carbone, la protection de la biodiversité, la régulation de l’eau, et la beauté des paysages. Ces politiques ont permis aux agriculteurs de changer leurs pratiques en gardant un revenu, et cela motive à entretenir un grand espace forestier » explique Frank.

 

Paresseux dans les palmiers, cabanes de Frank et Luisa, Guanacaste. © T.Claveau.

Paresseux dans les palmiers, cabanes de Frank et Luisa, Guanacaste. © T.Claveau.

 

Singe araignée traversant la rivière, cabanes de Frank et Luisa, Guanacaste. © T.Claveau.

Singe araignée traversant la rivière, cabanes de Frank et Luisa, Guanacaste. © T.Claveau.

 

La gemme de l’Amérique centrale

A 2700 mètres d’altitude, dans une forêt de nuages située au sud de la capitale San Juan, une petite maison en bois en lisière du parc national Los Quetzales se cache derrière les fleurs choisies pour attirer les colibris. Jorge, l’hôte, propose des sentiers de marche gratuits pour ceux passant la nuit dans le gîte, le ticket gagnant étant le Quetzal resplendissant, oiseau emblématique de l’Amérique centrale. « Il vient au lever et au coucher du soleil, tous les jours » assure l’aubergiste.
Pour les ornithologues amateurs, le Costa Rica est un petit paradis, et les habitants ont bien compris la richesse de leur pays. Le Toucan à carène ou le Ara rouge sont sur les listes de nombreux voyageurs.

 

Vue du lac Arenal en bordure du parc national Volcan Arenal, Guanacaste. © T.Claveau.

Vue du lac Arenal en bordure du parc national Volcan Arenal, Guanacaste. © T.Claveau.

 

Toucan à Carène mangeant un appât laissé par le propriétaire, lac Arenal, Guanacaste. © T.Claveau.

Toucan à Carène mangeant un appât laissé par le propriétaire, lac Arenal, Guanacaste. © T.Claveau.

 

En 2023, ils étaient 2,47 millions. Contrairement à ses voisins, le pays s’est détourné d’une économie basée sur l’exportation de produits agricoles (bananes, café, etc.) au profit du tourisme. Une stratégie qui a fonctionné grâce à deux raisons : la richesse de biodiversité, avec presque 6% des espèces connues sur seulement 0,03% des terres émergées de la planète, et le statut pacifique du pays, qui a réussi à maintenir une démocratie stable, favorisant la santé et l’éducation, alors que ses voisins connaissaient guerres d’indépendance, révolutions et corruption. Ce territoire ou la déforestation atteignait des sommets comparables à l’Amazonie (surface boisée dans la superficie totale du pays de 53% en 1950 à 18,9% en 1984) devient un pays ou plus de 22% de sa superficie totale, maritime et terrestre, est aujourd’hui protégée.

 

Ornithologue amateur cherchant le Quetzal resplendissant chez Jorge, auberge proche du parc national Los Quetzales, Cartago. © T.Claveau.

Ornithologue amateur cherchant le Quetzal resplendissant chez Jorge, auberge proche du parc national Los Quetzales, Cartago. © T.Claveau.

 

Vue sur la forêt du parc Los Quetzales, Cartago. © T.Claveau.

Vue sur la forêt du parc Los Quetzales, Cartago. © T.Claveau.

 

Toucan à carène sur la côte pacifique, péninsule d'Osa. © T.Claveau.

Toucan à carène sur la côte pacifique, péninsule d’Osa. © T.Claveau.

 

Pour répondre au flot de voyageurs, le Costa Rica a développé très tôt une certification pour la soutenabilité touristique (CST). Malgré ces avancées remarquables, le tourisme de masse impacte cette biodiversité unique et il est parfois difficile de réglementer les activités touristiques ou de contrôler suffisamment les entorses à la ligne de bonne conduite.

Il reste des efforts à donner pour le pays aux politiques environnementales et climatiques ambitieuses, mais désormais, au niveau mondial, il s’est fait un nom dans le milieu du tourisme vert.

 

Cabines et panneaux d'écotourisme. © T.Claveau.

Cabines et panneaux d’écotourisme. © T.Claveau.

 

Pour en savoir plus

Tiphaine Claveau pour ICOM-IPSL


ICOM-IPSL