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Le concept de point de bascule est-il utile pour appréhender l'évolution future du climat ?

Date : 08-01-2021 au 08-01-2021

Séminaire de :

  • Didier Paillard (climatologue, LSCE)
  • Michel Crucifix (physicien, UC Louvain)


Peut-on parler de catastrophe sans être catastrophiste ?

Didier Paillard

La longue histoire de notre Planète peut être racontée comme une succession d’événements marquants, des « catastrophes », qui depuis le XIXe siècle nous servent de base chronologique, ou plus exactement de base stratigraphique. Les mécanismes responsables de ces transitions géologiques restent, encore aujourd’hui, souvent énigmatiques, et il est parfois tentant d’y voir simplement des « coups du sort ». Mais les notions d’évolution et de gradualisme se sont peu à peu imposées : une évolution physico-chimique basée sur des lois déterministes, et une évolution biologique que certains ont assimilé à la notion de progrès.


Dans le contexte actuel de l’Anthropocène, la notion de « points de bascule », ou « tipping points » nous renvoie vers cette opposition entre changements progressifs et prévisibles d’une part, et événements rapides et difficiles à anticiper d‘autre part. Dans mon exposé, je présenterai quelques exemples emblématiques de « points de bascule » dans l’histoire de notre planète, et je tenterai d’en présenter quelques caractéristiques communes importantes, comme les notions d’équilibres multiples et d’hystérésis. J’insisterai sur les difficultés d’aborder ces questions : outre les difficultés techniques, et plus encore les limites et les biais de notre imaginaire, le rôle de Cassandre n’est pas très constructif.


Point du bascule global: entre démarche scientifique et imaginaire mythique

Michel Crucifix
Une fois n'est pas coutume, cet exposé relatera une histoire personnelle. En 2016, après quelques échanges avec Marten Scheffer, Will Steffen m'a invité à contribuer à un article déjà bien en chemin traitant des trajectoires de l'Anthropocène. L'article reprend les codes sémantiques de la théorie des systèmes dynamiques et du contrôle (feedback, forcing, bifurcation) et son illustration graphique évoque une alternative entre une "governed Earth" et une "ice-free earth". Cette dernière deviendra, dans la version finale, la "hothouse" que Radio Canada traduit par "Terre étuve".


De façon subliminale, le code graphique final évoque les paysages épigénétiques de Waddington, rappelant indirectement les liens de plusieurs auteurs avec l'épopée Gaia. J'étais loin de me douter à l'époque du destin de cet article, voire de ses potentielles conséquences politiques, que la volumineuse thèse de Sébastien Dutreuil m'aurait peut-être permis d'anticiper. Un peu sonné par cette aventure, j'ai répondu en 2019 à une autre invitation de Mike Hulme à un duel rhétorique face à James Annan autour du thème : "Will exceeding 2C of warming lock the world onto a ‘Hothouse Earth’ trajectory?". Nous avons dû faire évoluer la question, car les deux protagonistes étaient bien trop d'accord sur la réponse à y apporter.


Ce séminaire  intitulé "Le concept de point de bascule est-il utile pour appréhender l'évolution future du climat ?" se tient dans le cadre du cycle : "Changement climatique : sciences, politique, société", co-organisé par le CAK (EHESS-CNRS) et l'ENS (CERES) le vendredi 8 janvier 2021 de 14h à 17h en visioconférence.


Les séances sont accessibles uniquement en visio à l’adresse suivante : https://global.gotomeeting.com/join/266255181


Cette séance sera enregistrée.

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