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Le cousin indien d’El Niño : le 2e enfant terrible du climat

28-11-2013

Communiqué de presse IRD / CNRS / UPMC / MNHN

Inondations en Afrique de l’Est et en Inde, sécheresse et incendies en Australie… ces catastrophes périodiques sont dues à un second perturbateur du climat moins connu que son cousin El Niño, appelé « dipôle de l’océan Indien ». Une nouvelle étude impliquant un chercheur du LOCEAN 1 et différents partenaires, publiée à la Une de la revue Nature Geoscience, révèle que ce phénomène découvert récemment affecte le climat dans cette partie du globe. Les chercheurs montrent également qu’il est de plus en plus fréquent depuis 30 ans. Le nombre d’événements météorologiques extrêmes qu’il provoque devrait continuer d’augmenter dans les années à venir du fait du changement climatique.

Un perturbateur du climat encore méconnu

Mis en évidence il y a quelques années, le phénomène appelé « dipôle de l'océan Indien » correspond à une différence de températures des eaux de surface entre l’ouest et l’est de cet océan. Tout comme « El Niño » et son double plus froid « La Niña » dans l’océan Pacifique, le dipôle de l'océan Indien fluctue tous les 3 à 8 ans entre des phases « négatives », « positives » et « neutres ». La nouvelle étude révèle que les anomalies océaniques induites, de la même manière que celles du Pacifique, perturbent périodiquement le climat dans le pourtour de l’océan Indien en y favorisant des événements météorologiques extrêmes.


Des sécheresses à l’est et des inondations à l’ouest

Lors des phases positives du dipôle de l’océan Indien, la partie orientale de l'océan est plus froide que la normale, tandis que la partie occidentale est plus chaude. Cette anomalie de température des eaux de surface modifie la circulation atmosphérique. À l’est, elle réduit la convection atmosphérique (ascendance d'air chaud et humide) et diminue les précipitations. À l’ouest, à l’inverse, elle les augmente. De plus, ce changement de convection accélère les vents alizés le long de l'équateur, ce qui provoque la remontée d’eaux profondes froides et renforce le contraste de température entre les deux bords de l’océan. La phase positive du dipôle de l’océan Indien tend ainsi à provoquer des sécheresses en Asie de l'Est et en Australie, et, au contraire, des inondations dans certaines parties du sous-continent indien et en Afrique orientale.


Des événements de plus en plus fréquents

Grâce à l’analyse d’observations océaniques et climatiques et de simulations informatiques complexes remontant jusqu’au milieu du 19ème siècle, ces chercheurs montrent également que ces phases positives ont été de plus en plus fréquentes au cours des 30 dernières années. D’après l’étude, cette fréquence accrue est due au réchauffement de la zone tropicale de l'océan Indien plus rapide à l'ouest qu’à l'est, en partie du fait de l'effet de serre ou de la température atmosphérique croissante. Les scientifiques ont ainsi recensé un nombre record de onze événements dipolaires positifs depuis les années 1980. Cette fréquence est encore appelée à augmenter dans les décennies à venir avec l’élévation constante de la température à la surface de la Terre.


Ces travaux permettront de mieux prévoir les événements climatiques extrêmes qui surviennent dans cette partie du globe et à mieux anticiper leurs conséquences. Ils aideront ainsi les gouvernements et les populations à mieux prévenir les dommages collatéraux tels que les grands feux de forêt en Australie du Sud, la dégradation des récifs coralliens à l'ouest de l’île de Sumatra, ou encore des inondations et épidémies de paludisme accrues en Afrique de l'Est.


Le dipôle de l'Océan Indien

Phase positive du dipôle de l’océan Indien


Bon à savoir

Les océans jouent un rôle fondamental dans le système climatique planétaire, à travers le transport de la chaleur et le cycle hydrologique (montée de l'air chaud et humide dans les tropiques, flux vers les pôles et répartition de la chaleur et des précipitations). Ils modèrent également l’augmentation de la concentration du dioxyde de carbone dans l'atmosphère.

La surveillance, la modélisation et la prévision des changements dans l'océan mondial sont essentiels pour l’étude du climat et l’adaptation au changement global.


Notes

  1. Laboratoire d'océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (LOCEAN-IPSL, IRD/CNRS/UPMC/MNHN)


Partenaires

CSIRO’s Wealth from Oceans Flagship, Water for a Healthy Country Flagship, Ocean University of China, University of Exeter (Royaume-Uni), First Institute of Oceanology (Chine),  et Japan Agency for Marine-Earth Science and Technology (Japon). Ces recherches sont financées par le Goyder Research Institute et par CSIRO’s Water for a Healthy Country Flagship.



Source

W. Cai, X.-T. Zheng, E. Weller, M. Collins, T. Cowan, Matthieu Lengaigne, W. Yu, T. Yamagata. Projected response of the Indian Ocean Dipole to greenhouse warming, Nature Geoscience, 2013.  DOI: 10.1038/NGEO2009



Contacts

Matthieu Lengaigne , chercheur à l’IRD, tél. : (91)-83 22 45 02 12

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