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Moins de brume sur l'Europe, mais un réchauffement plus important

21-01-2009

Depuis trente ans, le ciel s'éclaircit en Europe en raison notamment de la diminution de la pollution. Une situation bien réjouissante, sinon que ce phénomène contribuerait à augmenter les températures diurnes. Voilà ce que vient de révéler une étude réalisée par des chercheurs du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE/IPSL) et de l'Institut royal météorologique néerlandais (KNMI), parue dans la revue Nature Geoscience. Cependant, cette évolution ne devrait pas perdurer, la baisse de la pollution ne pouvant désormais que ralentir.


Des chercheurs issus du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE/IPSL) et de l'Institut royal météorologique néerlandais (KNMI) ont analysé, pour la première fois à l'échelle d'un continent, les données de visibilité horizontale (1) acquises durant les trois dernières décennies par plus de 300 stations météorologiques d'Europe. Cette analyse de grande ampleur a révélé que les conditions de faible visibilité dues au brouillard (visibilité inférieure à un kilomètre) et à la brume (visibilité inférieure à cinq kilomètres) sont deux fois moins fréquentes aujourd'hui qu'il y a trente ans. En outre, il s'avère que cette diminution est spatialement corrélée avec le déclin des émissions de dioxyde de soufre. L'amélioration de la qualité de l'air serait donc un facteur important de cet éclaircissement du ciel.

Brume

Vue du pont Erasme à Rotterdam, dans la brume, en décembre 2008. La fréquence de telles situations météorologiques a décru au cours des 30 dernières années en Europe.

 


Sachant que les phénomènes atmosphériques comme la brume et le brouillard peuvent avoir un effet de masque vis-à-vis de l'énergie solaire, c'est-à-dire un effet induisant une diminution de l'énergie reçue par la surface terrestre et donc une baisse de la température atmosphérique, ces chercheurs ont également réalisé une analyse statistique des liens entre température et visibilité. Ils ont ainsi pu montrer que l'augmentation de la visibilité aurait contribué à hauteur de 10 à 20 % en moyenne au réchauffement diurne constaté en Europe ces 30 dernières années, un réchauffement plus important que partout ailleurs dans le monde et que les scientifiques ne s'expliquaient pas. Cette contribution serait encore plus marquée en Europe de l'Est, où elle atteindrait 50 %.

 


Cette étude suggère donc des liens étroits entre les températures d'une région et la qualité de son air. Dans les années à venir, le réchauffement diurne en Europe devrait faiblir, le niveau de pollution ayant déjà beaucoup baissé grâce aux efforts consentis. En revanche, dans d'autres régions, comme en Chine, l'augmentation des émissions polluantes devrait accroître l'effet de masque et induire de ce fait une diminution des températures.



Note :

  1. La visibilité horizontale est la distance vers l'horizon jusqu'à laquelle un observateur peut voir. Elle peut être très faible en cas de brouillard, même si le soleil est visible au-dessus de soi. Elle est mesurée à l'aide de télémètres.


Contacts :
Pascal Yiou (LSCE/IPSL), Tél : 01.69.08.77.28, pascal.yiou @ lsce.ipsl.fr
Robert Vautard (LSCE/IPSL), Tél. : 01.69.08.26.40 (LSCE/IPSL), Tél. : 01.69.08.26.40, robert.vautard @ lsce.ipsl.fr

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