Les fumées australiennes ont fait le tour du monde
Après des mois de temps exceptionnellement chaud et sec, des centaines d'incendies ont carbonisé une superficie de l’Australie qui dépasse 10 millions d’hectares, soit un sixième de la surface de la France, détruisant des milliers de maisons et entraînant des dizaines de morts. Outre les dégâts importants causés à la faune et à la flore, les feux émettent aussi une quantité massive de gaz et de particules dans l’atmosphère. Vu de l’espace le spectacle est impressionnant : en 2 semaines, les fumées portées par les vents ont fait le tour de la terre et sont revenues près de leur point de départ, dans la région de Sydney.
L’équipe du
Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales
(LATMOS-IPSL) surveille la composition de l’atmosphère en continu depuis 13 ans, grâce à un instrument exceptionnel,
IASI
embarqué à bord des satellites Metop. Ces satellites météorologiques surveillent l’atmosphère depuis une orbite polaire, à environ 800 km d’altitude, et passent tous les matins et tous les soirs à chaque endroit du globe. L’instrument IASI est un spectromètre à transformée de Fourier qui enregistre le rayonnement infrarouge émis par la surface de la terre. Quand ce rayonnement traverse l’atmosphère, il interagit avec les molécules qui se trouvent sur le trajet entre le sol et le satellite. Comme chaque gaz possède une signature spectrale spécifique, les passages successifs du satellite permettent de surveiller depuis l’espace les gaz qui se déplacent autour du globe. Chaque instrument IASI fournit plus d’un million d’observations chaque jour, à partir desquelles l’équipe de chercheurs et d’ingénieurs du LATMOS fournit des cartographies pour une trentaine de gaz.
Les panaches de fumées sont principalement composés de CO2 et de CO (monoxyde de carbone), deux gaz directement lié à la combustion, et de particules (suies). C’est le CO, un gaz inodore et incolore, que le sondeur IASI peut suivre facilement. Les cartes journalières depuis début janvier montrent que les fumées ont circulé à latitude constante, en partant de la région de Sydney, en passant par l’Amérique du sud et en survolant des parties de l’Antarctique, et en revenant dans la zone d’émission par l’ouest. Une multitude d’autres composés sont aussi présents (HCN (cyanure d'hydrogène), NH3 (ammoniac), composés organiques volatiles, etc.), mais certains restent moins longtemps dans l’atmosphère et dès lors ne sont vus du satellite que tout près des feux.
D’après des estimations récentes 400 millions de tonnes de dioxyde de carbone auraient été rejetés dans l'atmosphère par les feux australiens, soit presque l’équivalent des 445 millions de tonnes rejetées par la France en 2018.
Conctact
Cathy Clerbaux, LATMOS/IPSL - cathy.clerbaux@latmos.ipsl.fr