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Le carbone gelé dans les sols continentaux aurait eu un rôle dans l'augmentation du CO2 durant les déglaciations

23-11-2011

Le cycle du carbone est le cycle biogéochimique par lequel le carbone est échangé entre la biosphère, l'hydrosphère et l'atmosphère de la Terre. Il est l'un des cycles les plus importants de la Terre et permet au carbone d'être recyclé et réutilisé dans toute la biosphère et par tous ses organismes. Ce cycle a-t-il toujours été le même ? Une reconstitution de la productivité des plantes et de la quantité de carbone stockée dans les océans et dans la biosphère terrestre au dernier âge glaciaire vient d'être publiée dans Nature Geoscience. Cette étude internationale, coordonnée par un groupe de chercheurs du LSCE, augmente considérablement notre compréhension de la dynamique naturelle du cycle du carbone.

Le CO2 augmente dans l'atmosphère à chaque déglaciation, lorsque la Terre sort de son « Age de Glace » tous les 100 000 ans environ. Les mécanismes qui contrôlent ce signal demeurent une des grandes énigmes de la recherche sur les liens entre climat et cycle du carbone. Il semble que l'océan profond, qui contient beaucoup de CO2 au paroxysme des périodes glaciaires, se remet en mouvement et perd son CO2 pendant la déglaciation. Une partie de ce CO2 est absorbée par la végétation sur des continents qui se réchauffent ; le reste s'accumule dans l'atmosphère et explique les variations observées dans les enregistrements obtenus grâce aux carottages des calottes de glace. Pourtant, quand les océanographes font des simulations avec leurs modèles, ils ont du mal à expliquer plus des deux-tiers de l'amplitude des changements observés. La végétation et les sols auraient-ils une contribution jusque là ignorée ?

Une étude coordonnée par un groupe de chercheurs du LSCE parue dans Nature Geoscience fait le point sur l'état du cycle du carbone sur les continents. Avec des données isotopiques, les auteurs de l'étude montrent que les écosystèmes continentaux étaient peu productifs en période glaciaire (la photosynthèse était plus faible que pour la période actuelle), mais ils mettent en évidence l'existence probable d'un grand réservoir de carbone continental, contenu dans les sols gelés et jusque là sous-estimé. La décomposition de ce carbone lors du réchauffement des déglaciations a sans doute contribué à l'augmentation du CO2 atmosphérique. Ainsi, même si le carbone océanique reste l'acteur majeur des changements de CO2 atmosphérique entre période glaciaire et interglaciaire, les changements du carbone sur les continents jouent peut-être un rôle qui avait été sous-estimé.



Source

Large inert carbon pool in the terrestrial biosphere during the Last Glacial Maximum, P. Ciais, A. Tagliabue, M. Cuntz, L. Bopp, M. Scholze, G. Hoffmann, A. Lourantou, S. P. Harrison, I. C. Prentice, D. I. Kelley, C. Koven & S. L. Piao, Nature Geoscience, 2011, doi:10.1038/ngeo1324



Contacts

Philippe Ciais , tél. : 01.69.08.95.06

Laurent Bopp , tél. : 01.69.08.32.74

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