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Le réchauffement global accroît les risques d’événements climatiques extrêmes dans le Pacifique Sud

29-08-2012

Communiqué de presse

Dans les 100 prochaines années, le réchauffement global pourrait accroître les risques d’événements climatiques extrêmes (inondations, sécheresses, cyclones…) dans le Pacifique Sud, en doublant la fréquence des déplacements de la plus grande bande de précipitations de l’hémisphère sud. Tels sont les résultats d’une étude internationale 1 associant des scientifiques de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), publiée dans la revue Nature en août 2012.


Les déplacements de la zone de convergence du Pacifique Sud sous surveillance


De la Papouasie-Nouvelle-Guinée au sud-est de la Polynésie française, en passant par la Nouvelle-Calédonie, la zone de convergence du Pacifique Sud (ZCPS) constitue la plus large et la plus persistante bande de précipitations de l’hémisphère sud. Scrutés par les scientifiques, les déplacements de cette zone ont des impacts importants sur les populations locales. En effet, durant les épisodes El Niňo les plus intenses (observés par exemple en 1982-83 et en 1997-98), cette bande de précipitations se déplace de plus de 1 000 km vers le nord. Les pays situés sous cette zone (Vanuatu, Samoa, ïles Cook) sont alors exposés à un risque accru d’épisodes de sécheresse et d’incendies de forêts, alors que les pays sur lesquels la zone se déplace sont confrontés à des inondations.

Par ailleurs, ces déplacements drastiques de la ZCPS produisent des « phénomènes météorologiques dévastateurs dans des régions habituellement épargnées par de tels événements, comme le passage de cyclones en Polynésie française ou des pluies diluviennes sur la côte ouest de l’Amérique du Sud, comme en Equateur ou au Pérou, provoquant des coulées de boues catastrophiques pour les populations locales non préparées », expliquent Matthieu Lengaigne 2 et Christophe Menkès, chercheurs à l’IRD et co-auteurs de l’étude.



Anticiper la fréquence de ces événements climatiques extrêmes pour mieux s’adapter


Cyclones dans le Pacifique

Image satellite infra-rouge montrant le développement de trois cyclones dans le Pacifique Sud en janvier 1998.

Dans le cadre de cette étude internationale, les chercheurs ont analysé les archives des modèles climatiques utilisés pour les 4e et 5e rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), afin de prévoir l’évolution des déplacements de la ZCPS dans les 100 prochaines années.


Malgré les incertitudes sur l’évolution d’El Niño dans le futur, cette étude souligne que l’augmentation des gaz à effet de serre liée aux activités anthropiques pourrait induire un doublement de la fréquence des déplacements extrêmes de la ZCPS (avec un événement tous les 7 ans en moyenne et une intensification des pluies de 10 % par rapport aux phénomènes actuels). Les chercheurs de l’IRD anticipent ainsi un risque « d’augmentation substantielle des événements cycloniques en Polynésie française » et s’attendent à des « sécheresses plus fréquentes en Nouvelle-Calédonie ».


Mieux comprendre comment le réchauffement de l’atmosphère et des océans influence l’intensité et la fréquence des événements extrêmes est une des questions clés pour l’adaptation des populations du Pacifique Sud au changement climatique. En effet, outre les modifications significatives du régime des précipitations et des cyclones, ces déplacements extrêmes de la bande de pluie aggraveront les risques d’insécurité alimentaire dans ces régions, et augmenteront la vulnérabilité des récifs coralliens, en raison de l’intensification des expositions au blanchissement.



Notes

  1. Commonwealth scientific and industrial research organisation (CSIRO, Australie) ; Centre for Australian Weather and Climate Research (Australie) ; College of Engineering Mathematics and Physical Sciences (Royaume-Uni) ; National Oceanic and Atmospheric Administration (Etats-Unis) ; International Pacific Research Center (Etats-Unis) ; University of Hawaii (Etats-Unis) ; Meteorological Service (Îles Cook) ; Laboratoire d’océanographie et du climat : expérimentation et approches numériques (LOCEAN/IPSL, IRD/UPMC/CNRS/MNHN).
  2. Matthieu Lengaigne, océanographe au sein de l’équipe VARCLIM au LOCEAN, vient de se voir décerner une Médaille de bronze du CNRS , qui récompense le premier travail d'un chercheur et fait de lui un spécialiste de talent dans son domaine.


Source

Wenju Cai, Matthieu Lengaigne, Simon Borlace, Matthew Collins, Tim Cowan, Michael J. McPhaden, Axel Timmermann, Scott Power, Josephine Brown, Christophe Menkes, Arona Ngari, Emmanuel M. Vincent & Matthew J. Widlansky. More extreme swings of the South Pacific convergence zone due to greenhouse warming. Nature, 2012, 488, 365–369, doi:10.1038/nature11358 .



Contacts

Presse : Cristelle Duos ,  Tél. : 04 91 99 94 87

Chercheur : Matthieu Lengaigne , Tél. : 01 44 27 70 76

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