La COP 26 : un moment culturel et scientifique réussi malgré de grands défis à relever


Mounia Mostefaoui est doctorante au Laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD-IPSL) et travaille sur le Monitoring des gaz à effet de serre (GES). Après avoir suivi plusieurs COPs précédentes, elle a été invitée comme conférencière et paneliste au Pavillon Scientifique de la Zone bleue des négociations de la COP26 à Glasgow, accréditée par la délégation FR et soutenue par la direction du LMD pour accomplir cette mission.

Après deux semaines de négociations internationales sur le climat, la COP26 s’est achevée samedi 13 novembre 2021, avec un jour de retard. Elle était porteuse d’enjeux particulièrement cruciaux, dont notamment :

  • Le relevé des ambitions dans les contributions nationales des Etats depuis l’Accord de Paris en 2015,
  • L’article 6 de l’Accord de Paris à propos du marché du Carbone et d’un cadre de transparence,
  • Le financement des pertes et dommages pour les pays les plus vulnérables avec la promesse des pays développés de fournir 100 milliards de dollars par an aux pays plus modestes. Une promesse non tenue en 2020 avec seulement environ 80 milliards par an.

Alors que nous sommes déjà à +1.1°C de réchauffement global, l’espoir est très faible de rester sous les +1.5°C à horizon 2100. D’après les projections actuelles, le seuil des 1.5°C devrait être dépassé dans les années 2030-2040. Et la trajectoire actuelle, si poursuivie, nous amènerait à un réchauffement de +2.7°C en se fondant uniquement sur les contributions nationales de l’Accord de Paris (si respectées). Si l’on prend également en considération les engagements additionnels de plusieurs pays pour atteindre la neutralité carbone (en 2050 comme l’Europe et les États-Unis, 2060 comme la Chine ou encore 2070 comme l’Inde), nous nous approchons des +2.4°C.

Un autre enjeu majeur de la COP26 était l’introduction dans le texte final, dit « Pacte climatique de Glasgow », de mots fondamentaux encore complètement absents depuis les Accords de Paris. Dans ce pacte apparaissent alors les termes « énergies fossiles » et « charbon ». Pourtant, la portée de l’introduction inédite de ces mots s’est trouvée atténuée à la dernière minute : à la demande de l’Inde notamment, qui obtient de n’avoir à s’engager que sur leur « réduction progressive » et non leur élimination. Le Ministre Indien de l’environnement a plaidé qu’avec 1.38 milliards d’habitants, 70% de l’électricité nationale provient du charbon. En conséquence, il demandait la validation de l’expression « d’usage responsable des énergies fossiles » : ce qu’il a obtenu par le jeu démocratique du consensus. Cette situation était prévisible compte tenu de l’échec du G20 quelques jours avant la COP26 à inclure la notion d’élimination progressive du charbon. Pourtant, ce moment culturel retrouvé après le report de 2020 a aussi donné lieu à des avancées positives. Une analyse qui sera plus amplement développée dans un rapport de COP26.

 

 

Mounia Mostefaoui


LMD-IPSL