Atmosphères urbaines : Présence systématique et anthropique de COV biogéniques


Une équipe internationale vient de révéler la présence anthropique et systématique de composés gazeux de la famille des Composés organiques volatils (COV)1 , à savoir l’isoprène et les monoterpènes, dans l’atmosphère en zone urbaine et en toute saison.

L’équipe a procédé à la réanalyse de bases de données existantes d’observation des zones urbaines, depuis les moyennes latitudes aux tropiques. Ces bases de données, dont certaines sont issues des grands programmes impliquant la communauté française2 ont été complétées par deux campagnes de mesure en région tropicale : la mégapole de São Paulo au Brésil et à Hanoï au Vietnam3 . Les émissions dues au trafic routier seraient l’une des sources potentielles, en particulier dans les villes des pays en développement jusque-là ignorées (Asie du Sud Est, Afrique de l’Ouest). Ces dernières expliqueraient jusqu’à 40 % des niveaux rencontrés. Un tel résultat tempère les études récentes, Nord-Américaines mettant en évidence le rôle prépondérant des émissions par volatilisation par les activités du secteur tertiaire utilisant les produits ménagers.

En combinant ces observations avec les inventaires des émissions régionaux et globaux et des analyses statistiques de régression, les scientifiques ont pu quantifier pour la première fois les émissions anthropiques de ces composés à l’échelle urbaine et nationale. Ces dernières représentent moins de 3% des émissions des autres COV anthropiques. L’étude montre aussi que les émissions d’origine anthropique de ces composés ont un impact sur la chimie de l’atmosphère jusqu’à 1000 fois supérieur à celui des émissions des autres COV anthropiques. Ces résultats remarquables interrogent le rôle des émissions anthropiques de ces composés sur les épisodes de pollution aux particules dans les zones urbaines où ces derniers étaient jusque-là considérés comme des traceurs des émissions de la biosphère. Des travaux de modélisation ont déjà commencé pour tenter d’y répondre.

Quatre types de motifs représentés par des nuages de points de quelques monoterpènes avec des traceurs anthropiques en été et en saison sèche dans l’ensemble de données DATAbASE, dans deux villes différentes.

 

Pour en savoir plus

Laboratoires CNRS impliqués
– Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE – IPSL) • Tutelles : CNRS/CEA/UVSQ/Université Paris-Saclay

– Laboratoire de météorologie physique (LAMP – OPGC) • Tutelles : CNRS/Univ. Clermont Auvergne

– Laboratoire d’aérologie (LAERO – OMP) • Tutelles : CNRS/UT3 Paul Sabatier

Référence
A.Borbon & al. Ubiquity of anthropogenic terpenoids in cities worldwide: Emission ratios, emission quantification and implications for urban atmospheric chemistry, february 2023, JDR Atmospheres

Contact
Valérie Gros, LSCE – IPSL •
Agnès Borbon, Laboratoire de météorologie physique (LAMP – OPGC) •

Source
CNRS – INSU

Qu’est-ce que les COV biogéniques ? Lire l’article ici

Valérie Gros


Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE - IPSL)