À l’avant-poste du changement climatique, la Sibérie dégèle
Des chercheurs du laboratoire GEOPS et LSCE ont pu retourner en Yakoutie Centrale (Sibérie Orientale) afin de collecter des données sur l’évolution du pergélisol en Arctique.
Le réchauffement climatique est deux à trois fois plus important en Yakoutie Centrale (Sibérie Centrale) qu’ailleurs sur la planète. Or dans cette région, il y a un pergélisol qui contient beaucoup de glace et qui est très sensible aux variations du climat. Ce réchauffement rapide conduit déjà au dégel du pergélisol, provoquant un affaissement du sol, et la formation de nombreux lacs par fonte de la glace. C’est un risque majeur pour l’utilisation des terres et la stabilité des infrastructures. Ce processus modifie les circulations d’eau souterraine et la chimie des lacs et des rivières. La meilleure connaissance et compréhension des modifications du cycle hydrologique dans cette région est un enjeu fondamental pour prédire les impacts du changement climatique à l’échelle planétaire.
Les chercheurs étudient plusieurs sites près du village de Syrdakh à 100 km de la capitale (Yakoutsk) afin de collecter des données de terrain et étudier les processus en cours. Ces missions de terrain, chaque année s’effectuent en collaboration avec le Melnikov Permafrost Institute (Yakoutsk). Cette région de forêt boréale est peu étudiée comparée à la toundra au nord de la Sibérie.
Un des sites étudiés se focalise sur la compréhension de l’initiation de la dégradation du pergélisol. Des données de drones et de sondes thermiques permettent de comprendre les modifications hydrologiques et géomorphologiques liées à ce dégel.
Un autre site s’attache à la caractérisation de la modification du cycle du carbone liée à la dégradation du pergélisol. Pour cela, la chimie de plusieurs lacs et rivières est étudiée et analysée en laboratoire.
Un dernier site instrumenté est dédié à l’étude de l’interaction entre la rivière et le sol tant du point de vue thermique (influence thermique de la rivière sur le pergélisol) que des circulations souterraines (échanges dans la zone active qui dégèle annuellement).
Des activités de vulgarisation avec l’école de Syrdakh ont pu être menées. Le suivi de la mission de terrain par deux écoles de Chatenay Malabry a été possible grâce à un blog mis à jour quotidiennement (https://chercheurensiberie.home.blog/actualites/).
Pour en savoir plus
Les missions sont financées grâce à l’ANR PRISMARCTYC et l’ANR HiPerBorea.
Contacts
- Antoine Séjourné, laboratoire GEOPS UMR8148, Université Paris Saclay,
- Christophe Grenier, Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, UMR 8212,
Laboratoires
- Laboratoire GEOPS UMR8148, Université Paris Saclay, http://geops.geol.u-psud.fr/
- Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, CEA, https://www.lsce.ipsl.fr/