Prévoir le climat de demain : le bilan de 15 années d’observation de l’océan Atlantique Sud


Grâce au vaste réseau d’observations SAMOC (South Atlantic Meridional Overturning Circulation), des scientifiques ont fourni la preuve que l’océan Atlantique Sud se réchauffe, et cela, à toutes les profondeurs.

Le système global de courants interconnectant l’Atlantique Nord au reste de l’océan mondial, connu sous le nom de Atlantic Meridional Overturning Circulation (AMOC), est très efficace pour absorber, stocker et redistribuer la chaleur, le sel, le carbone et l’oxygène autour du globe. Il contribue à réguler la chaleur anthropique et le stockage du carbone de la surface vers les profondeurs océaniques, ce qui module les impacts régionaux du changement climatique.

Mais les variations de son intensité, prévues dans un avenir proche peuvent également avoir des impacts sociétaux très directs sur le niveau des mers côtières, les vagues de chaleur marines, les événements météorologiques extrêmes ainsi que sur les régimes de temps régionaux. L’Atlantique Sud joue un rôle unique dans cette circulation, car il est le seul bassin océanique avec un transport de chaleur net vers l’équateur et le seul canal reliant l’AMOC au reste de l’océan mondial. Il reçoit et transforme les eaux des océans Pacifique et Indien, régulant la météo régionale et les propriétés thermiques, salines et chimiques transférées vers l’hémisphère nord.

Schéma des courants de surface (rouge), intermédiaires (jaune), profondes (bleu) et abyssales (violet) et la topographie du fond (ombrage bleu). Les lignes blanches pointillés indiquent les latitudes nominales des 5 réseaux d’observation de l’AMOC. © Figure reproduite de Chidichimo et al. (2023)

Les résultats de l’étude montrent que l’océan Atlantique Sud se réchauffe à toutes les profondeurs, devient plus salé dans les premiers 800 m de profondeur, puis que sa salinité diminue jusqu’aux abysses. Des études récentes suggèrent qu’une réduction de l’intensité de l’AMOC est liée à ce réchauffement et à la salinisation de la surface de l’Atlantique Sud que l’on observe depuis 15 ans. Étant donné les importants impacts sociétaux que les changements observés sont susceptibles de déclencher dans l’Atlantique et dans les pays limitrophes, la poursuite de la surveillance, la production de données d’observation, des prédictions plus précises et des progrès dans la compréhension générale du système de cette région restent une priorité pour la communauté scientifique internationale.

Pour en savoir plus

Ces quinze dernières années marquent l’anniversaire d’une importante coordination internationale pour la mise en œuvre d’un réseau d’observations ad hoc dans la région du South Atlantic Meridional Overturning Circulation (SAMOC). Sabrina Speich du LMD a contribué à mettre en place une partie du système d’observation internationale SAMOC avec des co-auteurs de six pays (Afrique du Sud, Allemagne, Argentine, Brésil, France et États-Unis), dont Maria Paz Chidichimo de l’IFAECI, première auteur de l’article.

Laboratoires CNRS impliqués

  • Laboratoire de météorologie dynamique (LMD-IPSL/ECCETERRA)
  • Institut Franco-Argentin pour les études du climat et ses impacts (IFAECI)

Référence

Chidichimo, M.P., Perez, R.C., Speich, S. et al. Energetic overturning flows, dynamic interocean exchanges, and ocean warming observed in the South Atlantic. Commun Earth Environ 4, 10 (2023).

Sur le même sujet : Guest post: How the South Atlantic is overcoming its history as an under-researched ocean

Contact
Sabrina Speich, LMD-IPSL •

Source : CNRS-INSU.

Sabrina Speich


Laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD-IPSL)