Événements à fort impact et points de bascule


Retour sur l’atelier collégial du PMRC et du GIEC de novembre 2025.

Le Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC) et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a co-organisé un atelier, du 26 au 28 novembre 2025 à Paris, qui a réuni des experts internationaux pour échanger et trouver un consensus sur les questions liées aux événements à fort impact, aux points de bascule du système Terre et à leurs conséquences.

Cet atelier a été accueilli par l’Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL) à Sorbonne Université à Paris, en amont du premier meeting des auteurs du prochain rapport d’évaluation du GIEC (AR7). Il a rassemblé 70 scientifiques de différentes disciplines, incluant des auteurs de l’AR7 et des membres du GIEC et du PMRC. Ces réunions de travail sur trois journées étaient motivées par l’attention croissante, au niveau internationale, portée à ces événements susceptibles d’entraîner des changements importants, généralisés et, dans certains cas, irréversibles dans l’ensemble du système climatique, les écosystèmes et les sociétés humaines. Un chapitre dédié dans le prochain rapport atteste du besoin d’information et de consensus scientifique.

L’un des objectifs de cet atelier ambitieux était de parvenir à produire une suite de suggestions et de recommandations à destination des auteurs des différents chapitres de l’AR7, mais aussi plus largement à la communauté scientifique travaillant sur ces sujets. Une bonne préparation et réflexion du comité scientifique sur les objectifs du workshop ont favorisé la réussite des ces journées. Le programme, articulé autour de sessions plénières et de travail en petits groupes, a permis des échanges ciblés et des progrès notables d’étape en étape. Une forte mobilisation des participants pour aborder les questions sous un angle multidisciplinaire a permis de focaliser les discussions sur la meilleure méthode pour traiter ces sujets de façon cohérente entre les trois groupes du GIEC. Enfin, des temps dédiés à la manière de communiquer sur ce type de sujet sensible à un public non spécialisé ont apporté une dimension multiculturelle appréciée.

Un sujet d’attention portait sur les concepts et définitions attachés aux mots clefs/expressions tels que « abrupt », « forts impacts », « fiable probabilité », ou « point de bascule » qui permettent de caractériser ces types d’évènements. Les définitions ont-elles la même connotation si l’on s’intéresse aux bases scientifiques, aux impacts, ou à l’atténuation du changement climatique ? Les mots employés sont-ils compris de la même façon selon l’origine géographique ou culturelle ? Une partie du workshop a ainsi consisté à identifier les sources d’incompréhension et les manques dans les définitions existantes.

D’autres interrogations ont concerné le moyen de concilier les aspects globaux et régionaux dans un cadre cohérent qui part des interrogations à l’échelle régionale. Les feux ou les sécheresses qui ont un impact régional entrent dans cette catégorie, ainsi que des événements à fort impact global liés aux changements rapides de la circulation océanique ou à la fonte des glaces. Ces liens demandent d’évoquer des événements isolés, mais de s’interroger aussi aux conjonctions d’événements, ou aux cascades d’événements impliquant des aspects climatiques ainsi que des interactions non linéaires amplificatrices dans les écosystèmes ou les sociétés.

Les nouvelles perspectives offertes par des études récentes concernant les échelles spatio-temporelles des observations, les simulations et les résultats aux échelles régionales, les méthodes d’analyse innovantes ou de combinaisons entres ces différents aspects ont été évoquées. Elles ont été mises au regard des besoins d’informations pertinentes à destination des décideurs et des porteurs d’activités à risques face à ces événements de grande ampleur.

Les nombreuses interrogations sur la communication ont porté sur la façon de replacer ces événements dans le contexte des trajectoires climatiques et des niveaux de réchauffement propices à leur déclenchement, ou d’intégrer les questions d’adaptation et de vulnérabilité des socio-écosystèmes dans les différents narratifs.

Des suggestions et recommandations énoncées lors de ces trois journées ont été rassemblées dans un rapport préliminaire qui a été transmis aux auteurs du GIEC. Le rapport plus approfondi sera diffusé plus largement début 2026.

 

Pour en savoir plus

Consultez le site web de l’événement: https://www.wcrp-climate.org/wcrp-ipcc-2025

Pascale Braconnot


IPSL-LSCE