Campagne Amaryllis-Amagas : deuxième semaine de campagne


La campagne continue, et la deuxième semaine a déjà débuté. Les carottages se succèdent malgré quelques soucis techniques. Retour sur cette deuxième semaine en mer.

Cap vers les eaux brésiliennes

 

• 16 juin : Le Marion Dufresne poursuit sa route vers l’embouchure du fleuve Amazone, et vient d’entrer dans les eaux brésiliennes. Pour les scientifiques, cela signifie qu’il est nécessaire d’obtenir une autorisation spéciale, permettant de poursuivre les prélèvements de carottes sédimentaires.

Ce jour-là, le carottier Calypso a malheureusement été tordu lors d’un carottage. Malgré un repérage du sol en amont, il est parfois compliqué d’anticiper la présence de sable ou autre matière freinant le tube.

 

• 18 juin : Arrivée à la station numéro 10 (point S10). C’est le point le plus proche de l’embouchure du fleuve Amazone, mais aussi la station la moins profonde, autour de 70 mètres. Cette station est particulièrement importante pour les scientifiques :

Comme le fleuve est proche, l’accumulation de sédiment est de 5 mètres par an, contre 30 centimètres par millier d’années dans d’autres endroits ! Les carottes récupérées devraient permettre de travailler sur l’histoire climatique des dernières décennies, peut-être les derniers siècles… Et d’aborder les problématiques actuelles des changements d’occupation des sols et de la déforestation.

explique Aline Govin, la cheffe de mission française. De fait, tous les carottiers sont mis à l’eau successivement, il y aura du travail de traitement, pour tous, dans les prochaines heures !

Découpage et de référencement d’une carotte

 

• 19 juin : Les points de prélèvements s’enchaînent et les soucis techniques aussi. Depuis quelques jours, la CTD Rosette, dispositif permettant de récupérer des échantillons d’eau à des profondeurs variables, pose quelques problèmes aux scientifiques. Le déclenchement de fermeture des bouteilles par ondes acoustiques ne fonctionne pas. André Belem, professeur à l’Université Fédérale Fluminense (Rio de Janeiro), tente depuis 48 h de réparer l’instrument, en vain. La décision est alors prise de revenir à l’ancienne méthode, que l’on appelle « palanquée ». C’est désormais un poids que l’on fait descendre le long d’un fil qui déclenche la fermeture successive des bouteilles à la profondeur souhaitée. Inconvénient : plus question de descendre en une fois les 24 bouteilles disposées en cercle. Il faut maintenant mettre à l’eau les bouteilles à la file, par groupe de 7. Il faut doubler l’opération pour en avoir un nombre suffisant.

 

CTD version rosette (gauche) et CTD version « palanquée » (droite)

 

20-21 juin : La campagne et son organisation en quarts sont mises en pause pour quelques jours. Pourquoi ? Car ces jours sont dédiés à ce que l’on appelle « l’acquisition géophysique ». L’idée est de cartographier le relief marin et les couches de sédiment avec les deux sondes placées sous la coque du bateau. Avec le sondeur multifaisceaux, ce relief se dessine en direct, sur une largeur de trois kilomètres. L’autre sondeur nous montre les différentes couches de sédiment avec ses strates bien visibles. Nous voyons aussi en direct la profondeur augmenter : de 300 mètres ce matin nous passons en quelques heures à 4 000 mètres. Ces acquisitions vont enrichir les bases de données internationales sur un coin de l’océan qui n’est pas parfaitement connu.

Le soir, les co-chefs de missions français et brésilien ont organisé un pot. Le rush des derniers jours laisse place à une ambiance plus détendue.

Écrans d’acquisition des données géophysiques

 

22 juin : L’acquisition géophysique se poursuit. Les chercheurs profitent de cette mise en pause des carottages, pour organiser une série de conférences. Ils peuvent alors échanger sur des sujets variés et notamment sur les thématiques à travailler, à partir de cette campagne Amaryllis.

En fin de journée, la navigation reprend et le Marion Dufresne se dirige vers le sud-est, en suivant la forme de la côte brésilienne. À l’approche de l’équateur, commencera une nouvelle étape.

Deuxième matinée de conférences scientifiques

 

23 juin : Peu avant 16 h, le bateau ralentit pour s’approcher de la station 12 qui se trouve sur la marge continentale de Parnaíba au nord de l’état du Piauí. La deuxième partie de cette campagne peut commencer.

Ici nous allons pouvoir collecter du sédiment qui s’est accumulé très lentement. Proche de l’Amazone nous avions des taux de sédimentations énormes avec beaucoup de matière biologique amenée par le fleuve. Ici c’est très différent : Le matériel qui s’est déposé au fond de l’océan ne provient plus de l’Amazone mais du Nordeste brésilien et de la colonne d’eau.

explique Cristiano, le chef brésilien de cette mission. Ce changement devrait être visible à l’œil nu par une différence de coloration des carottes récupérées.

 

Pour en savoir plus

Site internet de la campagne

Patrick Chompré


Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE - IPSL) & Laboratoire GEOPS-IPSL