« Explore2 » : Imaginer le cycle de l’eau du futur
Crues, sécheresses du sol, niveau des nappes… Le projet « Explore2 » a examiné les scénarios du cycle de l’eau en France, jusqu’à 2100. Les résultats, dévoilés en juin 2024, permettront de mieux appréhender les différents futurs de cette ressource et de s’orienter vers une meilleure adaptation.
Hausse des températures annuelles (entre +3°C et +5,5°C), intensification des épisodes de sécheresses à la fin du siècle, baisse des étiages et augmentation des pluies saisonnières en hiver contre une baisse en été, davantage marquée dans le sud-ouest et les Alpes… Voici les résultats principaux de la restitution du projet de recherche « Explore2 », porté par INRAE et l’Office International de l’eau (OiEau) le 28 juin 2024.
L’objectif : connaître les grandes tendances de l’évolution du cycle de l’eau à l’horizon 2100, à l’échelle de la France hexagonale. Depuis trois ans, différents acteurs de la recherche, dont des scientifiques de l’Institut Pierre-Simon Laplace, travaillent à partir de modèles climatiques, basés sur les scénarios d’émissions de gaz à effet de serre décrits par le GIEC.
Illustrer la diversité des futurs possibles de l’eau
L’étude de l’impact du changement climatique sur le cycle de l’eau constitue un enjeu majeur. « Cela peut se manifester par une modification des ressources en eau, mais aussi par une intensification des extrêmes hydrologiques, que ce soient les crues ou les sécheresses et étiages » explique Guillaume Thirel, chargé de recherche à INRAE et membre du volet scientifique d’Explore2. Dans ce contexte, l’une des perspectives du projet consiste à accompagner les acteurs des territoires pour améliorer la gestion de l’eau. La base de données fournie – jusqu’à 17 projections climatiques et 4000 stations hydrologiques modélisées – est conséquente et devrait aider les décideurs à baser leurs actions sur ces résultats.
Pour mieux les appréhender, quatre histoires climatiques contrastées en évolution de précipitations et de températures ont été proposées (cf Figure 1). Ces récits plausibles, intitulés « narratifs », permettent de tester des scénarios d’adaptation selon différents cas de figure : réchauffement marqué et augmentation des précipitations, forts réchauffement et fort assèchement en été etc.
Des projections qui ne sont pas des prévisions
Bien que complexes, les tendances évoquées dans ce projet ne prennent pas en compte les pressions anthropiques, déjà intenses, exercées sur l’hydrologie, comme les prélèvements ou les rejets d’eaux usées. Les simulations décrivent les débits naturels de rivière, et ne peuvent pas anticiper les actions humaines qui s’y ajouteront dans les années à venir, telles que l’irrigation des cultures, .
Mathieu Vrac, directeur de recherche au LSCE-IPSL, rappelle que les changements projetés dans les résultats comprennent des incertitudes : « Il peut y avoir des variations autour de ces grandes tendances parce que les modèles climatiques évoluent dans leur qualité, dans la prise en compte des différents processus, dans leur finesse … », auxquelles s’ajoutent le caractère aléatoire des phénomènes climatiques.
Ces évolutions, notamment celles décrites sous le scénario RCP8.5 du GIEC, visent également à illustrer ce qui pourrait advenir si nous ne réduisions pas suffisamment nos émissions de gaz à effets de serre. « C’est aussi à travers ce genre de projet que l’on peut sortir des messages intéressants […] C’est important. C’est un futur possible » conclut le scientifique de l’IPSL.
Guillaume Thirel, Mathieu Vrac et Yoann Robin ont participé à l’interview.
Pour en savoir plus
Écoutez l’épisode IPSL News « Sécheresses et pluies : les deux faces du changement climatique » avec Ludovic Oudin (METIS-IPSL).