Il s’agit d’un filet possédant une maille qui diminue graduellement de 4 cm jusqu’à 5 mm à l’entrée du collecteur, ce qui permet de récolter des organismes zooplanctoniques de grande taille (macrozooplancton) mais également des organismes micronectoniques (petits poissons, calmars). Dans le cadre du programme THEMISTO (responsable Cédric Cotté, LOCEAN-IPSL) l’objectif est d’utiliser les profils acoustiques jusqu’à 1000 m, fournis par l’échosondeur EK80, pour déceler les zones de fortes densités afin de définir la profondeur à laquelle on effectue le prélèvement, dans le but de mieux comprendre la nature des signaux acoustiques enregistrés par l’échosondeur.

a) Filet Isaacs-Kidd utilisé pour les prélèvements ; b) Remontée de l’IKMT à la station O11, station la plus sud de notre plan d’échantillonnage (56°30’S, 62°58’E). © Camille Merland

À chaque pêche, les organismes sont collectés, filtrés, puis pesés. Ils sont ensuite triés par grand groupe taxonomique. Une fois le tri réalisé, on effectue une pesée de chacun des groupes. Enfin, les organismes sont observés à la loupe binoculaire et déterminés au moyen de guides taxonomiques et de clés d’aide à l’identification. La plupart des individus est identifiée jusqu’à l’espèce ou jusqu’au genre lorsque les critères ou l’état de conservation pour les déterminer ne sont pas suffisants.

Tri taxonomique des crustacés et identification à la loupe binoculaire. © Camille Merland (gauche) et Auguste Lugrin (droite)

Parmi les groupes taxonomiques les plus abondants, on retrouve des crustacés tels que les euphausiacés, plus communément appelés « krill », mais également les amphipodes. Certains groupes d’espèces gélatineuses qui vivent en colonie tels que les siphonophores et les salpes sont également présents.

Exemple d’espèces faisant partie des 4 groupes taxonomiques les plus abondants : a) Euphausia spinifera (euphausiacé) ; b) Cyphocaris richardi (amphipode) ; c) Agalma okenii (siphonophore) et d) Salpa aspera (Salpe). © Camille Merland

Il existe des manques importants dans les données concernant les espèces présentes dans l’Océan Indien sud et la zone indienne de l’Océan Austral. Ce travail d’identification permet donc, en plus de compléter la démarche acoustique, d’apporter des données supplémentaires sur les compositions spécifiques de leurs communautés et de comprendre comment celles-ci se structurent selon la latitude.

Cette structuration des communautés est directement observable à bord du Marion Dufresne qui traverse différentes zones océaniques sur un gradient latitudinal allant des eaux tropicales de l’Océan Indien aux eaux polaires de l’Océan Austral. On observe une diminution de la richesse spécifique et une augmentation de l’abondance avec la latitude, phénomène générique à l’échelle du globe. Sur la première partie de notre trajet dans la zone subtropicale, une forte diversité de crustacés (euphausiacés et amphipodes) et particulièrement de siphonophores a été observée avec près de 50 espèces identifiées. A l’inverse, les zones subantarctique et antarctique sont caractérisées par une diversité plus faible et parfois même de la monospécificité pour certains groupes.

Les îles subantarctiques sont caractérisées par des abondances importantes de certaines espèces endémiques. Ces îles sont de véritables sanctuaires de biodiversité, soutenant la chaîne trophique entière au travers de larges biomasses de plancton et de necton. Parmi eux, les euphausiacés et les amphipodes jouent un rôle crucial en tant que ressource alimentaire de certains oiseaux et mammifères marins. Chez les euphausiacés, des espèces telles qu’Euphausia vallentini, Euphausia triacantha ou encore Thysanoessa macrura sont retrouvées en fortes abondances autour de ces îles. On y retrouve également les espèces Themisto gaudichaudii et Primno macropa, amphipodes caractéristiques de l’océan austral.

Amphipodes caractéristiques de l’océan Austral : à gauche : Primno macropa, à droite : Themisto gaudichaudii. © Camille Merland