Séminaire
Stockage de CO2 dans les basaltes : promesses, incertitudes et incohérences
Léa Levy (Géosciences Rennes)
Séminaire du département de Géosciences de l’ENS-PSL.
Description
L’injection de CO2 dans les roches mafiques (type basalte), comme moyen de contribuer aux objectifs climatiques à travers la minéralisation « permanente » du CO2 sous forme de carbonates, a le vent en poupe depuis une dizaine d’années, avec des investissements de plus en plus massifs basés sur cette promesse technique. Mais quel est l’état des connaissances aujourd’hui en géosciences ? Y a-t-il un consensus scientifique sur la viabilité et la pertinence de cette technique ? Quelles méthodes de monitoring sont déployées sur le terrain et quel degré de confiance peut-on avoir dans les interprétations ?
Le projet interdisciplinaire GEOSPAS – associant géosciences, épistémologie et sciences politiques – a pour objectif de répondre à ces questions. Une première campagne d’entretiens semi-directifs, réalisés auprès de 22 scientifiques actifs sur le sujet dans le milieu académique, a permis d’éclairer et de compléter une série de questions en suspens, exposées directement ou indirectement dans la littérature scientifique, telles que : l’importance et la temporalité du stockage non-désiré sous forme de biomasse, la re-dissolution des carbonates exposés à un flux continu d’acide ou le transport rapide vers la surface en milieu fracturé.
Les entretiens ont également révélé une série de controverses non palpables dans la littérature, sur les risques associés à différents choix techniques tels que : CO2 supercritique versus CO2 dissous, continent versus plancher océanique ou basse température versus haute température. Bien que les spécialistes interrogés soient unanimement favorables au développement de la technique, la position des uns contredit régulièrement celle des autres.
Les points d’ombre et les controverses soulèvent alors deux questions :
(i) quel degré de transparence sur le niveau d’incertitude technico-scientifique devrait être requis vis-à-vis du public et des régulateurs ?
et (ii) quel degré d’incertitude sur l’étendue et la permanence réelles du stockage est-on prêt à accepter en tant que société, au nom de l’urgence climatique et de l’impossibilité de la réduction des émissions du fait de contraintes économiques et géopolitiques ?
Pour en savoir plus sur le projet GeoSPAS
Informations supplémentaires
Lieu
École normale supérieure – PSL
24 rue Lhomond – aile Erasme
salle Claude Froidevaux – E314