Séminaire
Changement Climatique et santé
Cyril Caminade, Kevin Jean et Léo Moutet
Nouvelle séance du séminaire « Changement Climatique : Sciences, Sociétés, Politique » co-organisé par le Centre Alexandre-Koyré (EHESS-CNRS) et l’ENS (CERES).
Description
Cyril Caminade, climatologue, ICTP
Impact du réchauffement climatique sur les maladies à transmission vectorielle
Le réchauffement climatique est considéré comme l’une des menaces principales sur la santé humaine par l’Organisation Mondiale de la santé (OMS). Le réchauffement climatique affecte notre santé directement, via son impact sur les évènements météorologiques extrêmes comme vague de chaleur, cyclones tropicaux, inondations et montée du niveau des mers. Le réchauffement climatique a aussi une multitude d’impacts indirects sur notre santé, il affecte la pollution atmosphérique, l’agriculture, les feux de forêts, les ressources en eau, la biodiversité et la sévérité de certaines maladies infectieuses.
Les maladies vectorielles sont transmises par des arthropodes ectothermes qui n’ont pas la capacité de réguler leur température interne. Les précipitations affectent la présence de gites larvaires, et les températures régulent le cycle de vie des insectes vecteurs et leur activité saisonnière. Le paludisme est la maladie vectorielle avec le plus d’impacts sur les populations en Afrique. La maladie de Lyme, transmise par des tiques, est en augmentation dans les zones tempérées. Le moustique tigre, Aedes albopictus, originaire d’Asie du Sud-Est et vecteur compètent d’arboviroses, a été introduit en Europe à la fin des années 1970. Depuis il s’est propagé rapidement sur le continent et en France métropolitaine. Les premiers cas autochtones de dengue ont été rapporté à Paris en Sep-Oct 2023. Des simulations mathématiques suggèrent que les conditions climatiques récentes ont été favorable à son expansion rapide en Europe.
Ce séminaire présentera un état des travaux effectués sur l’impact du réchauffement climatique sur les maladies vectorielles qui affectent les animaux et les humains.
Kévin Jean, épidémiologiste et professeur junior en Santé et Changement Globaux à l’ENS-PSL
La santé comme levier d’action face au changement climatique
Avec des températures moyennes en hausse de +1.2°C par rapport à la période préindustrielle, le changement climatique est désormais une réalité perçue et ressentie, tout autant que scientifiquement établie. Vagues de chaleur, modification de la distribution des maladies infectieuses, menace sur la sécurité alimentaire et les systèmes de soins… les impacts des changements climatiques sur la santé sont d’ores et déjà nombreux, et ils risquent de s’intensifier dans l’hypothèse d’un réchauffement non contrôlé.
Mais au-delà de la mise en avant de ces risques – indispensable à leur anticipation et atténuation – le secteur de la santé pourrait être porteur d’un message fort pour la lutte contre le changement, du fait de la convergence entre les objectifs climatiques et les objectifs de santé publique. En effet, les éléments scientifiques disponibles démontrent que des politiques climatiques ambitieuses dans les domaines des transports, du bâtiment, de l’agro-alimentaire ou de l’industrie pourraient se traduire par une augmentation de l’activité physique, une amélioration de la qualité de l’air et des logements, et des régimes alimentaires plus sains. Par le biais de cette notion de co-bénéfices, nous discuterons de la pertinence d’intégrer les enjeux de santé dans les débats de société actuels concernant le changement climatique.
Léo Moutet, doctorant en sécurité sanitaire au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM).
Évaluation d’impacts des co-bénéfices sanitaires liés à des scénarios de neutralité carbone.
Respecter l’accord de Paris nécessite une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre (GES, diminution de 43% en 2030). Dans ce cadre, différents acteurs ont proposé des scénarios menant une (ou plusieurs) société à réduire ses émissions de GES jusqu’à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Dans certains secteurs, ces scénarios peuvent constituer d’importantes politiques de santé publique. Quantifier ces co-bénéfices sanitaires peut donc constituer un levier d’action vers des politiques climatiques ambitieuse qui bénéficierait à la santé des populations. Nous verrons l’ampleur et la répartition des bénéfices attendus, avec un exemple dans le secteur des transports.
Informations supplémentaires
Les organisatrices : Hélène Guillemot, Aglaé Jézéquel et Amy Dahan
Lieu
La séance se tiendra de 14h à 17h à l’École Normale Supérieure
45 rue d’Ulm – Paris 5e
Amphithéâtre Galois