Disparition de Claude Lorius, pionnier de la recherche sur les glaces polaires


Claude Lorius a été l’un des pionniers de la recherche sur les glaces polaires, menant des expéditions en Antarctique pendant quatre décennies. Sa première expédition en 1957, à 25 ans, dans la station Charcot pendant l’année géophysique internationale, est restée gravée dans sa mémoire. Il restera un an sur place, et n’aura de cesse de revenir sur ce continent de glace tant prisé des explorateurs et des scientifiques.

Ses recherches scientifiques débutent réellement lors de ses travaux de thèse soutenus en 1963 à Saclay. Il est l’un des premiers à proposer une méthode, à partir des isotopes de l’eau (la neige) pour reconstituer la température de la neige au moment de sa chute. Un outil inédit qui sera appliqué plus tard pour déduire les températures des climats passés dans les carottes de glace. Un second hivernage, cette fois-ci à Dumont d’Urville en 1965, lui permet d’avoir une intuition capitale : les bulles d’air de la glace extraite de l’Antarctique contiennent une information sur la composition de l’atmosphère passée. Plusieurs décennies s’écoulent cependant avant que ne soient publiés, en 1987, trois articles qui montreront – sans aucune ambiguïté – le lien entre climat et CO2 dans des carottes de glace vieilles de 150 000 ans.

Passionné, aventurier, il sillonne l’Antarctique, noue des collaborations décisives avec les Russes notamment à Vostok, et est l’initiateur des premiers grands forages au Dôme C. Son parcours de chercheur au CNRS le mènera de Saclay à Grenoble où il rejoint le laboratoire de Glaciologie Alpine créé par Louis LLiboutry pour former le Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement, aujourd’hui appelé l’Institut des Géosciences de l’Environnement. Il dirige ce laboratoire entre 1984 et 1988.

Son travail a été reconnu par de nombreux prix et distinctions, notamment la Médaille d’or du CNRS, la plus haute distinction scientifique française, obtenue avec son collègue et ami Jean Jouzel en 2002.

Au-delà de ses contributions scientifiques, Claude Lorius était également un homme inspirant qui a su partager sa passion pour la science avec le grand public. Il a notamment été le sujet d’un documentaire applaudi, « La Glace et le Ciel », qui raconte son parcours et ses découvertes en Antarctique.

Avec la disparition de Claude Lorius en 2023, le monde de la science a perdu l’un de ses plus grands chercheurs, un homme qui a consacré sa vie à la compréhension du climat de notre planète. Son héritage demeurera et, quelques jours à peine après la sortie du 6e rapport de synthèse du GIEC, la communauté scientifique réalise à quel point ses recherches ont été fondatrices pour comprendre et prédire le changement climatique. Au-delà de la seule communauté scientifique, Claude Lorius aura été, à travers ses travaux, ses interventions, un éclaireur déterminant auprès du grand public, alertant sur l’urgence à agir face au défi du changement global.

Source : CNRS-INSU.

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