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Soutenance de thèse

Alizée Chemison

LSCE

Impacts d'une déstabilisation des calottes polaires sur le climat et les maladies vectorielles au XXIème siècle

Date 17/03/2023 10:00
Diplôme UVSQ - Paris Saclay
Lieu Salle Galilée, Bâtiment 713, Orme des Merisiers, 91190 Saint-Aubin

Résumé

Les moustiques, vecteurs majeurs de maladies, sont sensibles aux précipitations nécessaires au développement de leurs stades immatures aquatiques, et aux températures qui conditionnent leur cycle de vie. Le changement climatique impacte la transmission des maladies vectorielles, telles que le paludisme, première maladie parasitaire mondiale, et la Fièvre de la Vallée du Rift (FVR), zoonose décimant les troupeaux, entraînant un risque sanitaire et causant des pertes économiques en Afrique.

Les rapports du Groupe Intergouvernemental d’Experts du Climat (GIEC) présentent des projections climatiques pour le XXIème siècle avec différents scénarios d’émissions de gaz à effet de serre standards appelés « Representative Concentration Pathway » (RCP). Ceux-ci démontrent que d’ici 2080, avec le scénario RCP8.5, le risque de transmission du paludisme est estimé à la baisse dans la région du Sahel et à la hausse sur les plateaux est-africains, suite à l’augmentation des températures. Par ailleurs, les paléoclimats indiquent que la fonte des calottes de glace peut induire des changements climatiques abrupts. Cependant, les projections standards du GIEC ne considèrent pas une potentielle déstabilisation de ces calottes. L’Antarctique et le Groenland sont pourtant vulnérables aux dérèglements climatiques et une fonte rapide de ces calottes, même partielle, provoquerait des changements climatiques majeurs même en régions tropicales. Aucune étude n’avait jusque-là quantifié l’impact d’une fonte même partielle de celles-ci sur la distribution des moussons et sur le risque de transmission du paludisme et de la FVR en Afrique.

Ce travail repose sur des simulations numériques du climat futur réalisées à partir du modèle climatique global couplé IPSL-CM5A-LR avec pour forçage radiatif le scénario RCP8.5. Des simulations de relâchement d’eau douce correspondant à la fonte accélérée et partielle des calottes polaires ont été réalisées avec différentes hypothèses de fonte :

  • pour le Groenland, un flux d’eau douce équivalent à une augmentation globale du niveau marin de 0.5, 1, 1.5 et 3m est libéré en Atlantique Nord ;
  • pour l’Antarctique, une quantité d’eau douce équivalente à une hausse globale du niveau des mers de 3m (fonte de tout l’Antarctique de l’Ouest) est relâchée au large de sa région Ouest.

Ces apports d’eau douce ont lieu de 2020 à 2070, en flux continu.

Cette étude a démontré que les impacts, océaniques et atmosphériques, liés à la fonte du Groenland sont plus forts sur le climat global, particulièrement sur les systèmes de mousson en Afrique, que ceux liés à la fonte de tout l’Ouest Antarctique, ce qui est certainement dû au courant circumpolaire. Par la suite, seuls les scénarios considérant une fonte partielle du Groenland ont été utilisés pour étudier leurs impacts potentiels sur le paludisme. Les températures et précipitations simulées et/ou observées permettent de piloter des modèles mathématiques du risque de transmission. Cinq modèles mathématiques de paludisme ont été utilisés. Une fonte accélérée du Groenland induit un décalage des zones de mousson américaines et africaines vers le sud. Le risque de paludisme augmente dans le sud de l’Afrique, diminue au Sahel et augmente modérément sur les plateaux d’Afrique de l’Est. Pour l’étude de la FVR, le modèle Liverpool Rift Valley Fever (LVRF) a été validé par pays en comparant les simulations, obtenues à partir des températures et précipitations journalières issues des réanalyses climatiques, avec différents jeux de données. Puis, un travail exploratoire a permis de déterminer une corrélation entre le risque de transmission simulé et les principaux modes de variabilité climatique régionaux (ENSO et DMI). Les résultats montrent que le modèle reproduit correctement les épidémies de FVR au Kenya, Somalie et Zambie, et plus modérément au Sénégal et en Mauritanie. Une augmentation du risque de FVR est montrée sur les zones épidémiques d’Afrique de l’Est lors du phénomène El Niño.

Informations supplémentaires

La soutenance de thèse se tiendra le vendredi 17 mars 2023 à 10h, en Salle Galilée, dans le bâtiment 713, Orme des Merisiers, 91190 Saint-Aubin. Un lien visio est également disponible.

Composition du jury

M. Benjamin SULTAN – Rapporteur
Mme Annelise TRAN – Rapporteure
Mme Pascale BRACONNOT – Examinatrice
Mme Anna-Bella FAILLOUX – Examinatrice
M. Didier SWINGEDOUW – Examinateur