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Séminaire

Titre : Gérons bien notre démographie car il n’y a pas de planète B.
Nom du conférencier : Jean-Loup Bertaux
Son affiliation : Directeur de Recherche CNRS émérite au LATMOS / IPSL / UVSQ
Laboratoire organisateur : LSCE
Date et heure : 14-11-2018 11h00
Lieu : Bat 701, P 17C, LSCE Orme des Merisiers
Résumé :

Ma présentation sera principalement fondée sur mon livre « Démographie, climat, migrations : l’état d’urgence » (Fauves Editions, 2017), avec quelques nouveautés de l’année.

La fondation WWF France a annoncé que pour l’année 2018, le jour du dépassement est survenu le 1er Août. Ce constat repose sur le concept d’empreinte écologique, qui comptabilise d’un côté tout ce que la Terre peut produire chaque année de façon renouvelable, et tous les déchets qu’elle peut absorber sans s’abîmer, et de l’autre, tout ce que l’humanité prend à notre planète et tous les déchets que notre activité produit et que nous rejetons dans le système, y compris le CO2.

Une façon simple (règle de trois) d’interpréter le jour du dépassement est de dire qu’il y a trop de monde sur la planète. Si au lieu des 7,5 milliards actuels, nous n’étions que 4,35 milliards le jour du dépassement arriverait le 31 décembre et on pourrait repartir tranquillement pour un an, en maintenant notre consommation moyenne. Cette pensée n’est ni obscène, ni sacrilège : c’est un constat qui s’impose.

La surpopulation actuelle a déjà impacté la bio-diversité et le dérèglement climatique, et le phénomène va s’amplifier au vu des prévisions démographiques de l’ONU (11,2 milliards en 2100). Que faire pour rétablir l’équilibre écologique ? On peut agir sur la consommation/pollution moyenne par habitant : c’est la stratégie de la frugalité, qui à mon avis n’a aucune chance de se mettre en place dans les pays démocratiques (qui voterait pour quelqu’un qui s’engage à réduire votre niveau de vie ?), et encore moins dans les pays en développement qui aspirent légitimement à un meilleur niveau de vie.

Nous proposons d’examiner lucidement une autre stratégie qui est celle de la démographie décroissante. Non pas que nous devions nous passer de faire des économies, notamment d’énergie, en renonçant à terme aux combustibles fossiles. Mais, contrairement à une opinion répandue, la courbe démographique prévue par l’ONU n’est pas gravée dans le marbre : elle est fondée sur une extrapolation des comportements observés, pays par pays, en matière de reproduction. On peut agir sur ces comportements.

Une occasion concrète nous en est offerte par la charte de Ouagadougou signée en Juillet 2017 par les 15 pays de la CEDEAO (Afrique de l’Ouest) plus le Tchad et la Mauritanie. Conscients qu’une trop forte démographie est un obstacle à leur développement économique, ils se sont engagés « à œuvrer pour faire baisser leurs indices synthétiques de fécondité respectifs à trois enfants au plus par femme d’ici 2030 ». Il faut que la France et l’Europe aident ces courageux Etats africains à mettre en place leur programme de baisse de fécondité, en puisant dans l’aide promise dans le cadre de  la COP21 (100 milliards de dollars par an).

Par ailleurs, il est essentiel que les scientifiques et les politiques parlent maintenant ouvertement de la démographie dans les conférences climatiques, comme nous y invitent Bongaarts et  O’Neil dans leur article : Global warming policy: Is population left out in the cold? (Science, 17 AUGUST 2018 • VOL 361), et les 21 signataires d’une Tribune dans Le Monde du 10 Octobre 2018.

Contact :

gilles.ramstein@lsce.ipsl.fr