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Marie-Alice FOUJOLS

Marie-Alice Foujols est responsable technique du pôle de modélisation du climat de l'IPSL. Quelques années après avoir obtenu son diplôme d'ingénieur, Marie-Alice Foujols devient informaticienne dans un laboratoire d'océanographie. Ce poste lui permet de concilier son travail et sa passion pour la mer. Le calcul intensif lui manque, elle rejoint alors un centre de calcul national puis l'IDRIS en 1993. Elle rejoint le pôle de modélisation de l'IPSL en 1996 et participe à la création des différentes générations du modèle climat de l'IPSL. Toujours en quête de nouvelles découvertes, professionnelles ou non, Marie-Alice Foujols est avant tout une curieuse née.



Marie-Alice Foujols, vous êtes responsable technique du pôle de modélisation du climat de l'IPSL. Quel est votre parcours ?

Marie-Alice Foujols

J’ai obtenu un diplôme d’ingénieure en informatique et mathématiques appliquées de l’ENSEEIHT 1 de Toulouse à 21 ans. J’ai ensuite eu divers emplois : j’ai travaillé dans une société de services informatiques qui programmait les premières autorisations de paiement des cartes bancaires American Express puis dans un cabinet d’architecte…


J'ai toujours aimé la mer et un de mes passe-temps favoris était la croisière en voilier, en Bretagne notamment. En 1984, j’ai postulé pour un poste d’informaticien au Laboratoire d’Océanographie Physique 2 et j’ai été interviewée, entre autres, par Pascale Delecluse 3 sur les méthodes numériques que je connaissais. J’avais 24 ans et j’ai obtenu le poste. Je travaillais sur le modèle de circulation générale océanique avec Pascale Delecluse, j’aidais les étudiants en thèse et je participais également à des campagnes de mesures océanographiques. J’ai eu la chance de faire plusieurs campagnes avec Michèle Fieux 4 à bord du Marion Dufresne 1, dans l’océan indien tropical, au large de l’Afrique, de l’Inde et de l’Australie. Il s’agissait aussi bien de campagnes avec des équipes scientifiques que de campagnes où j’étais seule (en transit) à faire mes mesures. C’est une période que j’ai adorée et dont j’ai gardé des souvenirs inoubliables, comme regarder le bateau avancer dans la nuit en contemplant la vague d'étrave, le ciel et les étoiles...


En fait, ce travail était passionnant mais je me sentais isolée et je manquais d'interaction avec d'autres ingénieurs en calcul intensif. Ils travaillaient dans les centres de calcul que nous utilisions. Aussi, j’ai tenté de rejoindre le centre de calcul de l’époque, le CCVR 5 , qui possédait alors les calculateurs les plus puissants. J’y suis entrée en 1988 grâce à une mobilité CNRS. Avec l’équipe système du CCVR, j’ai mis en œuvre une nouvelle génération de serveurs de fichiers puis j’ai rejoint l’équipe d’assistance aux utilisateurs. J’aimais beaucoup aider les utilisateurs travaillant sur ces machines complexes. Puis, les partenaires n’ayant pas renouvelé leur accord, le CNRS a monté, seul, un nouveau centre de calcul en 1993 : l’ IDRIS . J’ai alors participé à la création de ce centre dont j’ai, en particulier, monté l’équipe support aux utilisateurs.


Au même moment, l’IPSL se créait. Je connaissais bien la communauté modélisation du climat de l'IPSL car ses membres ne manquaient pas de nous contacter pour signaler les incidents ou résoudre des problèmes. C’est une des raisons qui ont motivé ma démarche vers l’IPSL en 1996, en sollicitant Gérard Mégie , son fondateur et directeur, et en lui proposant de travailler pour le pôle de modélisation , qui était alors animé par Hervé Le Treut et Pascale Delecluse.

 

Le Marion Dufresne 1


J’ai donc rejoint l’IPSL en 1996. Arnaud Lauriou s’occupait de l’informatique et Cathy Boonne des données. J’ai commencé par travailler sur la modélisation des composantes de bio-géochimie marine et des surfaces continentales (maintenant PISCES et ORCHIDEE ). En 2001, Jean Jouzel a pris la direction de l’IPSL et s’est beaucoup appuyé sur moi pour animer l’informatique sur le site de Jussieu notamment (données, modèles et infrastructures). J’ai voulu revenir entièrement à la modélisation au moment où le modèle IPSL CM5 a été finalisé et assurer ma part de travail dans l’aventure CMIP5 de l'IPSL, c’est-à-dire en menant de bout en bout plusieurs des 80 simulations incluses dans le protocole CMIP5. Depuis peu, mes fonctions comprennent aussi l’animation technique du groupe ESPRI en charge de la distribution des données IPSL.



 

CMIP5 : Coupled Model Intercomparison Project Phase 5


Projet international proposant un protocole pour réaliser des simulations climatiques et mettre les résultats à disposition. Les expériences (plus de 80) incluent des simulations de la période récente, des simulations du climat passé (holocène ou dernier maximum glaciaire), des simulations idéalisées (augmentation de 1% par an de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, augmentation brutale d’un facteur 4 de la concentration de CO2 dans l’atmosphère…) et des projections climatiques suivant plusieurs scénarios.


Ce protocole, détaillé en 2008, a été suivi par 26 groupes internationaux qui ont réalisé ces simulations entre 2010 et 2012, sur des supercalculateurs parmi les plus puissants de l’époque. De plus, l’ensemble des résultats, standardisé et documenté, est diffusé à toute la communauté scientifique pour favoriser les analyses multi-modèles. 


Les articles analysant ces simulations, soumis avant juillet 2012 et publiés avant mars 2013, ont pu être référencés dans le chapitre 1 du 5ème rapport du GIEC publié en septembre 2013. A ce jour, sur 370 publications référencées sur le site CMIP5, 202 ont utilisé les résultats d’un des 3 modèles de l’IPSL : celui à basse résolution (400 km), celui à moyenne résolution (250 km) et celui incluant une physique de l'atmosphère plus récente.


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Quel est votre rôle au niveau du pôle de modélisation de l'IPSL ?

Avec Arnaud Caubel (LSCE), j’anime le groupe de travail sur la plateforme de modélisation pour faire en sorte que le modèle climat de l’IPSL soit le plus à jour possible, scientifiquement et techniquement, et qu’il tourne efficacement sur toutes les machines à notre disposition. J’interagis donc sans cesse avec des dizaines de personnes dans tous les domaines d’étude du modèle (atmosphère, océan, glace de mer, surfaces continentales, chimie atmosphérique, cycle du carbone), avec des experts numériciens et informaticiens, sans oublier les experts des centres de calcul.


C’est grâce à la vision des directeurs successifs du pôle de modélisation (Pascale Delecluse, Hervé Le Treut, Pascale Braconnot puis Jean-Louis Dufresne), que la modélisation à l’IPSL a atteint son niveau actuel. Ils ont su se passer le relais en comprenant comment, grâce à l’IPSL, les experts des thématiques du climat pouvaient travailler ensemble. Avec le recul, il me semble que deux problématiques scientifiques ont particulièrement contribué à cela : la paléoclimatologie, qui nécessite un modèle système terre complet car aucune climatologie suffisamment complète n'existe pour les périodes anciennes, et l'étude des climats des différentes planètes qui est un formidable terrain d'entraînement pour le modèle atmosphérique de l'IPSL. En 2014, ces deux thématiques restent très dynamiques, preuve s'il en faut, de l'intérêt de l'IPSL.


Assemblée générale du pôle de modélisation du climat (2013)


Est-ce un choix délibéré de travailler dans les sciences de l’environnement ?

Je suis arrivée aux sciences de l'environnement par un concours de circonstances, comme on l’a vu. Le calcul intensif, ma formation initiale et mon intérêt pour le calcul numérique et son usage m’ont conduit vers les sciences de l’environnement, et vers l’IPSL en particulier. Grâce à ma connaissance de plusieurs domaines, acquise notamment au service de l’assistance aux utilisateurs à l’IDRIS, les sciences de l’environnement m’ont semblé être un domaine dans lequel je pouvais apporter quelque chose et, à posteriori, je trouve mon parcours très logique. J’ai apprécié de pouvoir  évoluer au sein du CNRS en changeant de poste plusieurs fois. C'est très sain, dans un parcours d'ingénieur, de pouvoir varier les missions.


Vous a-t-il semblé difficile d’en arriver là ? Pensez-vous que le fait d'être une femme vous a aidé dans votre carrière ?

J’ai souvent rencontré du sexisme et de la misogynie, pas uniquement de la part des hommes d’ailleurs ! J’ai aussi rencontré du paternalisme, surtout au début de ma carrière, mais cela me dérangeait moins.


Par contre, en tant que mère de 2 enfants, j’ai ressenti beaucoup de solidarité dans ma carrière, ce qui m’a permis de mieux vivre les époques de la vie où mon emploi du temps était souvent chamboulé par les urgences familiales. Même si mon mari assurait parfaitement sa part des tâches, il m'est arrivé de reporter au dernier moment des rendez-vous importants. Cela ne m'a jamais été reproché, au contraire, chacun demandait des nouvelles des jeunes malades. C'est important de savoir, quand on est jeunes parents, que beaucoup sont passés par là et qu’ils sont très compréhensifs.


Quels évènements vous ont le plus marqué depuis que vous travaillez à l’IPSL ?

Il y a eu des évènements tragiques, plusieurs collègues nous ont quittés trop vite : Marie-Angèle Filiberti, modélisatrice, Vladimir Stzepourginski, informaticien, Gérard Mégie, et d’autres encore. Et aussi ma collègue du CCVR, Anne Massiot, météorologiste et informaticienne, avec qui j'ai beaucoup travaillé.


Devant le Earth Simulator en 2005

Dans un tout autre registre, j'ai beaucoup apprécié la période où nous sommes allés travailler au Japon sur le Earth Simulator 6 . Entre 2003 et 2007, en effet, nous avons organisé plusieurs missions de travail à Yokohama, certaines de plusieurs mois, en nous relayant, pour utiliser cette machine exceptionnelle. La découverte de la culture japonaise m'a éblouie et les expériences de modélisation réalisées sur le Earth Simulator étaient pionnières.


L’évènement récent qui m’a le plus marquée est certainement la journée des simulations CMIP5 organisée par l’IPSL en février 2013, pour fêter l’aboutissement de 5 ans de travail. Nous avions invité toutes les équipes qui avaient participé à l’exercice CMIP5 ainsi que les personnels des centres de calcul avec lesquels nous avions interagi.


Qu'est-ce qui vous motive dans votre métier ?

Ma première motivation est de travailler dans un cadre dynamique qui évolue et qui a du sens. Avant de travailler à l’IPSL, je changeais de poste ou d’équipe tous les 3 ans, et je suis la première surprise de travailler à l’IPSL depuis près de 20 ans ! Lorsque j’assiste à un séminaire ou à une soutenance de thèse, je mesure à quel point la recherche progresse, certaines questions trouvent des réponses mais en suscitent aussitôt de nouvelles. Cela me motive particulièrement !


J’aime mener, avec les personnes concernées, les enquêtes permettant de débloquer des situations techniques a priori incompréhensibles. J’aime aussi transmettre ce que je connais. Il n’y a rien de mieux pour creuser vraiment un sujet que de devoir l’expliquer.


Avec mes collègues, j'ai travaillé à la création de plusieurs générations du modèle climat. Nous travaillons actuellement sur la sixième génération du modèle climat de l'IPSL, IPSLCM6, qui intègrera les développements les plus récents. C'est une belle œuvre collective de l'IPSL.


J'aime beaucoup découvrir les nouveaux sujets de thèses des étudiants. En fait, travailler à l'IPSL entraîne de multiples rencontres avec beaucoup de personnalités différentes et passionnantes, aussi à travers de nombreux projets internationaux. J’apprécie beaucoup les interactions avec nos homologues Européens, Américains ou Japonais. Nous sommes face aux mêmes difficultés et la diversité des personnalités aide à prendre du recul.


Que ne changeriez-vous pour rien au monde dans votre travail ?

Les contacts ! Je préfère de loin une discussion de visu ou par téléphone à un e-mail !


Qu’est-ce qui vous déplaît dans votre métier et que vous aimeriez changer ?

A Yokohama devant le tableau présentant les simulations à faire (2005)

Le travail a été organisé par projets depuis longtemps et c'est sans doute bien. Mais il est maintenant organisé par projets différents, à tous les niveaux : universitaire, national, européen et même mondial. On a dépassé depuis longtemps le seuil admissible. Certains jours, il faut choisir entre 4 réunions, c'est un comble !


Dans le domaine de la modélisation du climat, les ressources informatiques doivent être dimensionnées de façon cohérente : le calcul, les espaces de stockage, les outils, les réseaux. Nous poussons ces systèmes aux limites. Nous avons besoin de puissance de calcul en local à l'IPSL, pour préparer les modèles ou pour réaliser des analyses pointues. Nous avons également besoin de ressources de calcul nationales pour la préparation et la mise en œuvre des simulations de production et, pour rester dans la compétition internationale, nous avons besoin de ressources exceptionnelles que l'Europe met en place. Dans la plupart des autres pays, les centres climatiques possèdent leur propre centre de calcul. En France, nous utilisons les centres de calcul nationaux académiques depuis leur création. Pour que cela marche bien, il faut être capable d'anticiper les évolutions des calculateurs et de leur environnement (stockage, capacité d’analyses, réseaux), avoir un dialogue permanent avec les centres de calcul et être impliqués dans les décisions. Cela peut être le cas si l’IPSL et ses tutelles soutiennent fortement cet enjeu stratégique... et il faut le leur rappeler chaque année.


D'après vous, quelles qualités sont nécessaires pour faire votre travail ?

Avant tout, la ténacité, et il en faut pour trouver les "bugs" ! Lorsqu’un bug est trouvé, il faut le faire savoir très vite pour que d’autres évitent de tomber dans les mêmes pièges. Je suis favorable à la distribution de médailles aux découvreurs de bugs, je connais d'ailleurs plusieurs médaillés potentiels !


Il est important de donner du sens à son travail, même si pour parvenir au but il faut passer par des actions très ennuyeuses. Deux autres qualités essentielles me semblent être le sens du collectif et la générosité dans les échanges d'informations.


Si vous faisiez un autre métier, ce serait quoi ?

J'aurais pu être grutier ! Je suis hypnotisée par le mouvement des grues. La précision nécessaire à ce travail me fascine et la vue d'ensemble de l'avancement d'un chantier me plairait beaucoup. Mes collègues qui travaillent actuellement à l’Université Pierre et Marie Curie sur le site de Jussieu comprendront...


Plus sérieusement, je ferais forcément un métier où il y a du contact, de la variété, du dynamisme, un métier où ça bouge. En fait, je suis très heureuse avec le mien !


Quelle est votre occupation préférée en dehors du travail ?

Tout simplement partager des moments de qualité en famille, en particulier avec mes 2 enfants qui sont maintenant de jeunes adultes.


Depuis bientôt deux ans, je cours 2 fois par semaine et j’ai maintenant accumulé plus de 800 kilomètres ! J’en ressens les bienfaits pendant 3 jours et le quatrième j’ai de nouveau besoin de courir. Ces courses sont aussi l’occasion d’écouter toutes mes émissions de radio favorites en podcast !


Enfin, j’ai récemment découvert les cours en ligne, en particulier sur le climat (les MOOC, massive open online course). C’est passionnant, je me rends compte que j’ai encore beaucoup à apprendre et que le désir d’apprendre reste un moteur très efficace. Mais mon but est aussi de progresser en anglais, étant donné que mon gros défaut est de ne pas bien le maîtriser, ayant appris l'allemand et le russe à l'école !





Votre conclusion, en quelques mots

J'aime beaucoup cette série de portraits de l'IPSL. Il est important de faire connaître la variété des métiers liés à la recherche. Merci à vous.


La question du changement climatique, anthropique et naturel, représente un enjeu sociétal majeur. Je suis à la fois inquiète de l'avenir que nous projetons et confiante dans les capacités de la jeunesse actuelle. La maturité et la volonté des étudiants et jeunes scientifiques que je côtoie m'impressionnent chaque jour. Je souhaite qu'ils soient conscients des nouvelles connaissances apportées par l'IPSL.


Pour conclure, je voudrais honorer mes parents. Ils se sont mariés en 1947, ont eu 8 enfants (je suis la septième), 28 petits-enfants et 20 arrière-petits-enfants à ce jour. Ils sont rayonnants et leur amour de la vie et de leurs prochains est un modèle pour beaucoup. La vie de mon père, passé en Angleterre en 1943, très gravement blessé en 1944, son alliance et son parcours avec ma mère me touchent. Son humour et sa joie de vivre restent intacts à plus de 90 ans. Ma mère, qui ne quitte ni son iPad ni son mari, m’attendrit infiniment.



Notes :

1. École nationale supérieure d'électrotechnique, d'électronique, d'informatique, d'hydraulique et des télécommunications.

2. Le LOP, Laboratoire d’Océanographie Physique du Muséum national d’histoire naturelle, est l’ancêtre du LODYC puis du LOCEAN.

3. Maintenant directrice adjointe de la recherche de Météo-France.

4. Chercheure de terrain océanographe, qui a exploré l’océan indien en particulier.

5. Le CCVR, basé à l’Ecole Polytechnique, est financé par 10 partenaires dont le CEA, le CNRS, les universités, Météo France, l'INRIA, le CNES, l'ONERA.

6. L'Earth Simulator, installé à Yokohama au Japon, était le plus puissant calculateur mondial entre 2002 et 2004. Entièrement à disposition de la recherche civile, Japonaise ou Internationale à travers d'étroites coopérations, il n’était pas connecté à Internet et il fallait se rendre sur place pour pouvoir l’utiliser. Il était composé de 640 noeuds, chacun composé de 8 processeurs vectoriels et 16 Go de mémoire, pour un total de 5120 processeurs et 10 To de mémoire. Le système comportait 700 To de disques (450 pour le système et 250 pour les utilisateurs) et 1,6 Po de stockage sur bandes. En 2014, c’est Tianhe-2 (MilkyWay-2), installé à Guangzhou en Chine, un calculateur 1000 fois plus rapide que le Earth Simulatorr, qui est en tête de ce même classement. Il est composé de 16000 noeuds, chacun composé de 2 processeurs de 12 coeurs et 3 accélérateurs de 57 coeurs pour un total de plus de 3 millions de coeurs de calcul.  Voir aussi .




Entretien fait à Paris en décembre 2013

Propos recueillis par Isabelle Genau et Catherine Senior

Rédaction : Isabelle Genau

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