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Vague de chaleur de juin 2019 : des études déjà en cours à l’Institut Pierre-Simon Laplace pour examiner le lien avec le changement climatique

27-06-2019

Dernière semaine de juin 2019. Une vague de chaleur d’intensité historique se répand sur la métropole. En milieu de semaine, les températures ont dépassé les 40°C, comme à Clermont-Ferrand ce mercredi 26 juin, un record pour la ville à cette période de l’année. Des valeurs inhabituelles sont observées en altitude dans les Alpes…

À chaque fois qu’un événement extrême se produit se pose la question du lien au changement climatique. Les équipes de l’Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL), en collaboration avec un réseau scientifique international (notamment les centres climatiques néerlandais et britannique, l’Université d’Oxford et Météo-France) ont mis en commun leur capacité d’observation et de modélisation et développé de nouvelles méthodes statistiques. Objectif : comprendre l’action du changement climatique sur l’événement de cette semaine. Les résultats devraient être connus en début de semaine prochaine.



Le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, via le projet « Extremoscope », et les projets européens EUCLEIA et EUPHEME ont particulièrement soutenu ces développements. Les équipes ont entre autres pu estimer que les vagues de chaleur de 2017 et 2018 auraient eu très peu de chance de se produire en l’absence de changement climatique. En outre, elles deviendraient la norme dans un climat plus chaud de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle.


 

Concernant la canicule de la fin du mois de juin, les toutes premières analyses montrent que, de manière assez atypique, l’air devrait provenir majoritairement d’Espagne et du Sahara, induisant de très fortes élévations de températures.


Structure des températures en altitude prévues par le CEPMMT pour le milieu de semaine (27/6) montrant l’invasion d’air saharien sur la France (les contours sont le géopotentiel à 500 hPa et les couleurs la température à 850 hPa.


Même s’il va falloir attendre quelques jours pour obtenir un résultat précis, il y a fort à parier que cette vague de chaleur prévue est dans la lignée de celles qui ponctuent les étés européens chaque année depuis 2015 et pour lesquelles le lien sans équivoque avec le changement climatique d’origine humaine a été démontré.

Signal lidar observé au SIRTA (le 26/06/2019), site d’observation de l’IPSL à l’Ecole Polytechnique, attestant de l’arrivée d’aérosols entre 2000 et 6000 m d’altitude au-dessus de la couche de mélange, probablement des poussières d’origine Saharienne.


Depuis plusieurs années, les vagues de chaleur extrêmes se produisent aussi en juin et en septembre, affectant fortement les activités scolaires (par exemple le report de l’examen du brevet national) et professionnelles avec des conséquences sanitaires non négligeables. Cette extension saisonnière est également une conséquence du changement climatique. Pour l’été 2017, qui a été un record de température en Europe du Sud et a engendré une grande sécheresse avec des conséquences sur l’agriculture et les bâtiments, les équipes avaient estimé que la probabilité des températures rencontrées avait au moins quadruplé, ceci dû à l’effet des activités humaines sur le climat. De telles températures ne seraient plus extrêmes au milieu du siècle, mais deviendraient la norme.


 

L’adaptation des sociétés et des infrastructures à ce nouveau contexte est un enjeu majeur. Si l’étude des vagues de chaleur est facilement réalisable, il n’en est pas de même d’autres phénomènes violents comme les orages, pluies extrêmes et cyclones. Les impacts sur les écosystèmes sont quant à eux encore mal compris. L’IPSL finalise de nouvelles projections climatiques avec son dernier modèle de climat qui seront analysées à la lumière des observations disponibles avec des méthodes innovantes, par exemple issues de l’intelligence artificielle. Le développement et l’opérationnalisation de ces outils sont en cours. L’École universitaire de recherche « IPSL Climate Graduate School » lancée fin 2018 va permettre de renforcer les recherches sur ce thème et de former des générations d’étudiants aux techniques d’évaluation des risques associés aux événements extrêmes.


Pour en savoir plus :

« Les scientifiques français contribuent de manière importante à l'effort international destiné à mieux comprendre le système climatique par la simulation numérique »

 

The IPSL Climate Modelling Centre (IPSL-CMC)

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