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La fin du "Sahara vert" : conséquence d’un contrôle boréal ?

09-11-2017

Une équipe internationale, comprenant des chercheurs du laboratoire Environnements et paléoenvironnements océaniques (EPOC/OASU, Université de Bordeaux / CNRS), du laboratoire Géosciences Paris-Sud (GEOPS-IPSL, CNRS / Université Paris-Sud) et du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE-IPSL, CNRS / CEA / UVSQ), vient de mettre en évidence que les changements de température de l’hémisphère nord qui se sont produits il y a environ 5000 ans constituent l’un des facteurs déterminants de la fin brutale de la période dite du Sahara vert.  Les futurs changements de température aux hautes latitudes de l’hémisphère nord pourraient donc avoir d’importantes répercussions sur le cycle hydrologique saharien.

Au cours de notre interglaciaire, le continent nord-africain a connu des changements hydrologiques majeurs. Notamment, dès le début de l’Holocène (11700 ans avant aujourd’hui), une intensification de la mousson africaine liée à une augmentation de l’insolation solaire a permis le développement de vastes réseaux fluviatiles et lacustres au Sahara et au Sahel. Une telle modification du cycle hydrologique saharien a permis le développement d’une faune et d’une flore tropicales et a influencé les migrations des populations néolithiques de cette région. Cette période de "Sahara vert" est également appelée "période humide africaine Holocène". Sa terminaison se caractérise par un retour particulièrement rapide à un état désertique du Sahara (5 000 ans avant aujourd’hui). Les forçages climatiques responsables de ces changements et en particulier leur caractérisation temporelle (abrupte ou graduelle) font l’objet de recherches approfondies dans la communauté scientifique.

Des chercheurs de plusieurs laboratoires ont utilisé des indicateurs environnementaux sensibles aux conditions climatiques, notamment aux précipitations, contenus dans un enregistrement sédimentaire marin couvrant les dernières périodes glaciaire et interglaciaire (les 25 000 dernières années). Les résultats confirment une terminaison très brutale de la période humide africaine Holocène vers 5 800 - 4 800 ans (avant aujourd’hui).
Afin de préciser les facteurs responsables de cette transition rapide entre deux états environnementaux extrêmes, des expériences de modélisation numérique du climat ont été réalisées. De façon inédite, les résultats incriminent les changements de température de l’hémisphère nord au cours de cette période comme un des facteurs déterminants dans la terminaison de la période humide africaine Holocène.

Ces travaux confortent l’hypothèse selon laquelle les changements futurs de température dans les hautes latitudes de l’hémisphère nord, associés en particulier à des changements du couvert de banquise, pourraient avoir d’importantes répercussions sur le cycle hydrologique saharien et par conséquent sur les populations de cette région du monde particulièrement vulnérables.


Relation entre les changements de température et de circulation océanique des moyennes et hautes latitudes nord (a, b, c) et les changements du cycle hydrologique dans la zone du Cameroun (d) à la fin de période humide africaine.



Source

Rapid termination of the African Humid Period triggered by northern high-latitude cooling, James A. Collins, Matthias Prange, Thibaut Caley, Luis Gimeno, Britta Beckmann, Stefan Mulitza, Charlotte Skonieczny, Didier Roche, Enno Schefuß, Nature Communications 8, doi:10.1038/s41467-017-01454-y



Contact

Thibaut Caley , EPOC/OASU, Tél. : 05 40 00 83 81



Source : INSU

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