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L’océan a piégé 31 % des émissions de CO2 anthropique sur la période 1994-2007

21-03-2019

L’évaluation de la quantité de CO2 anthropique stocké dans l’océan est depuis longtemps une priorité pour les océanographes. Une étude menée par une équipe internationale impliquant le Laboratoire d’océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (LOCEAN-IPSL, CNRS / SU / IRD / MNHN) montre que de 1994 à 2007, l’océan a accumulé 34 milliards de tonnes de CO2 anthropique, soit 31 % du CO2 anthropique, émis durant cette période. L’océan semble avoir gardé sa capacité de pompage du CO2 à l’échelle planétaire mais avec un creusement des disparités entre les océans des deux hémisphères.

Une partie importante du CO2 anthropique, émis notamment par la combustion d’énergies fossiles, ne reste pas dans l’atmosphère et ne contribue donc pas au réchauffement global. L’océan et les surfaces continentales accumulent en effet des quantités considérables de ce CO2 qui est alors piégé pendant des dizaines, voire des centaines ou des milliers d’années.

Une équipe internationale impliquant des chercheurs du LOCEAN a réalisé une synthèse de données in situ recueillies au cours d’une cinquantaine de campagnes océanographiques réalisées sur une période de 15 ans et développé une nouvelle approche statistique permettant de distinguer la part du CO2 anthropique et la part du CO2 naturel (préindustriel) dans les mesures du CO2 total dans l’océan.

Ils ont ainsi pu montrer que l’océan avait accumulé 34 milliards de tonnes de CO2 anthropique sur la période 1994-2007, ce qui représente 31 % des émissions de CO2 anthropique sur cette période.

Une étude similaire avait déjà estimé l’accumulation de CO2 anthropique sur la période 1800-1994 à 118 milliards de tonnes, soit environ un tiers des émissions de CO2 anthropique sur cette période. Si les nouveaux résultats obtenus sur la période 1994-2007 montrent que l’efficacité du pompage du CO2 est aujourd’hui intacte à l’échelle du globe, ils révèlent aussi des disparités régionales : certaines régions sont devenues moins efficaces, notamment l’Atlantique Nord, le Pacifique Nord et une grande partie de l’océan Austral, tandis que l’Atlantique Sud, le Pacifique équatorial et l’océan Indien ont gagné en efficacité.


Évolution de l’accumulation de CO2 anthropique entre 1994 et 2007 (inventaires jusqu’à 3000 m de profondeur, en molC/m2).


En limitant le réchauffement climatique, l’océan rend un service important à l’humanité, mais ce service a un coût : le CO2 dissous dans l’océan diminue le pH de l’eau et la concentration en ions carbonates, ce qui pourrait avoir de graves conséquences pour la vie marine, notamment les espèces calcifiantes. Les disparités régionales identifiées devront être prises en compte pour prédire le taux d’acidification des océans qui sera plus rapide dans les régions où le pompage du CO2 atmosphérique est le plus efficace.



Source

Gruber, N., D. Clement, B. R. Carter, R. A. Feely, S. van Heuven, M. Hoppema, M. Ishii, R. M. Key, A. Kozyr, S. K. Lauvset, C. Lo Monaco, J. T. Mathis, A. Murata, A. Olsen, F. F. Perez, C. L. Sabine, T. Tanhua, and R. Wanninkhof (2019). The oceanic sink for anthropogenic CO2 from 1994 to 2007 , Science vol. 363 (issue 6432), pp. 1193-1199. DOI: 10.1126/science.aau5153



Contact

Claire Lo Monaco , LOCEAN-IPSL, Tél. : 01 44 27 32 48



Source : INSU

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