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Et le ciel de l’Europe devint orangé…

17-10-2017

Lundi 16 octobre 2017. Les habitants de la côte atlantique française, de Bretagne en particulier, ont passé la journée dans une curieuse lumière et sous un ciel sépia de couleur orangée. Cette ambiance digne d’un film de science-fiction était due en partie à de grosses quantités de poussière de sable arrachées du Sahara, et en partie aux nuages de fumée qui proviennent des feux au Portugal et transportées jusqu’à nos latitudes, notamment par les vents violents provenant de l’ouragan Ophélia.

Ce phénomène, pas si courant sur nos contrées, a été observé à 50mn d’intervalle par les deux sondeurs infrarouge IASI volant à bord des satellites METOP-A et METOP-B dédiés à l'observation météorologique et à l'étude de l’atmosphère terrestre. Des estimations de l’épaisseur optique 1 et du monoxyde de carbone (CO) sont effectuées quotidiennement et en quasi temps réel (J-1) dans les laboratoires de l’IPSL.


Image des épaisseurs optiques des aérosols estimées à partir du sondeur infrarouge IASI combinant les observations des deux satellites METOP-A et METOP-B lors de leur passage respectif entre 8 :30 et 9 :30 UTC.

Images des épaisseurs optiques des aérosols estimées à partir du sondeur infrarouge IASI combinant les observations des deux satellites METOP-A et METOP-B lors de leur passage respectif entre 8 :30 et 9 :30 UTC. Crédit : laboratoire de météorologie dynamique (LMD-IPSL) et cartes visualisable ici .


L’ouragan Ophélia s’est ensuite dirigé vers les îles britanniques, entrainant avec lui de grandes quantités de sable ainsi que les fumées des incendies ravageant le Portugal et l’odeur de brûlé en résultant.


Bruxelles sous la fumée des feux du Portugal…

En ce matin du mardi 17 octobre 2017, le soleil était au rendez-vous comme annoncé par les prévisions météorologiques, mais l’air restait curieusement frais et il y avait comme un voile opaque qui retenait la chaleur. Beaucoup de bruxellois ont pu remarquer que le ciel arborait une couleur orange-rouge, qu’on voit plus souvent au coucher du soleil qu’au lever du soleil d’habitude. Chose rare : on pouvait même l’observer à l’œil nu quand il était déjà assez haut dans le ciel.


Bruxelles, mardi 17 octobre. Photo : Cathy Clerbaux

Bruxelles, mardi 17 octobre 2017. Photo : Cathy Clerbaux


Au-dessus de Bruxelles, ce sont surtout les particules liées aux incendies portugais qui ont été observées ce matin. La couleur orangée du ciel provient du fait que la lumière, qui comporte toutes les couleurs de l’arc en ciel, voit sa composante « bleue » plus diffusée et atténuée que la lumière « rouge » à cause des particules présentes dans l’atmosphère. 


Des chercheurs du LATMOS-IPSL (Service de Chimie Quantique et Photophysique) en collaboration avec une équipe de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) ont utilisé les mesures du sondeur infrarouge IASI lancé à bord du satellite MetOp pour analyser ce phénomène. L’instrument permet de suivre le déplacement du monoxyde de carbone (CO), avec une carte tous les matins et tous les soirs. Les feux émettent à la fois des particules et du CO, qui sont ensuite transportés par les vents. 


Cartes du CO dérivées à partir des données du sondeur infrarouge IASI obtenues à 12 heures d’intervalles. Crédit : LATMOS-IPSL et Université Libre de Bruxelles. Les données peuvent être téléchargées et visualisées ici  http://iasi.aeris-data.fr/CO/

Cartes du CO dérivées à partir des données du sondeur infrarouge IASI obtenues à 12 heures d’intervalles. Crédit : LATMOS-IPSL et Université Libre de Bruxelles. Les données peuvent être téléchargées et visualisées ici


À la question de savoir si les particules sont plutôt composées de sable ou de cendres, les modèles atmosphériques qui font de la prévision du déplacement des masses d’air permettent d’estimer qu’en Angleterre c’était surtout du sable avec un peu de cendres, tandis que les vents ont préférentiellement poussé les cendres au-dessus de Bruxelles ce jour !


Prévision du déplacement des masses d’air avec un modèle de trajectoire. Crédit : Camille Viatte, LATMOS-IPSL

Prévision du déplacement des masses d’air avec un modèle de trajectoire. Crédit : Camille Viatte, LATMOS-IPSL


Note : l’épaisseur optique d'une couche atmosphérique mesure le degré de transparence du milieu. Elle est définie par la fraction de rayonnement électromagnétique (ou de lumière) absorbée par les composants de la couche traversée.


Pour en savoir plus :

La mission IASI : développé par le CNES en coopération avec EUMETSAT, l'instrument IASI (Interféromètre Atmosphérique de Sondage Infrarouge) équipe les satellites météorologiques européens Metop. Sa force : outre la température et l’humidité de l’atmosphère, IASI mesure plus de 25 composants atmosphériques avec une très grande précision et participe à la surveillance du climat.


Le programme IASI -NG


A voir :

Interview de Cathy Clerbaux (LATMOS-IPSL / ULB) au JT de la chaîne belge BX1 le 17/10/2017

Distributions de monoxyde de carbone (CO) mesurées par IASI du 15 octobre au 19 octobre 2017


À lire :

IASI fête ses 10 ans !


Pourquoi cet étrange ciel jaune au-dessus de l'Ouest ?


Ciel jaune. Un petit tour et puis s'en va...


Britain's Martian sky: Hurricane Ophelia creates ghostly phenomenon in the skies as Saharan dust is carried on 80mph winds across the Atlantic


Contacts :

Cathy Clerbaux , LATMOS-IPSL


Virginie Capelle , LMD-IPSL

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