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Carnet de campagne THEMISTO, campagne océanique hydroacoustique dans l'océan indien

Le programme de mesures acoustiques THEMISTO (Toward Hydroacoustics and Ecology of Mid-trophic levels in Indian and SouThern Ocean) étudie les processus par lesquels la variabilité environnementale structure les écosytèmes pélagiques de la zone indienne de l’océan Austral. La quatrième et dernière campagne de ce programme se déroule actuellement entre La Réunion et les îles Kerguelen, à bord du navire Marion Dufresne . Cédric Cotté, Claire Lo Monaco (chercheurs au (LOCEAN-IPSL / CNRS - EcceTerra - IRD - MNHN - SU ) et toute l'équipe scientifique et technique embarquée sur le Marion Dufresne nous font découvrir, pendant 6 semaines à partir du 6 janvier 2019, leur quotidien en plein océan austral. Dépaysement garanti !


Trajectoire de THEMISTO

L’océan austral est une zone unique dans l’océan mondial en particulier pour deux raisons : (i) le courant circumpolaire constitue le seul moteur physique au monde ininterrompu par les terres, organisant les masses d’eau de façon annulaire autour du continent Antarctique ; (ii) on y retrouve des populations de prédateurs supérieurs (oiseaux et mammifères) très abondantes. En revanche, la biodiversité et les écosystèmes pélagiques qui soutiennent ces importantes concentrations de prédateurs, ainsi que leur structuration par l’environnement, restent très peu connues. Ceci est le point de départ du programme pluriannuel THEMISTO. Ce projet se base sur les équipements acoustiques qui équipent le Marion Dufresne II. Le projet consiste à collecter des mesures hydroacoustiques en continu lors des transits La Réunion-Crozet-Kerguelen-Amsterdam-La Réunion pour distinguer les groupes et espèces de zooplancton et micronekton et caractériser la variabilité de leur distribution en 3-D, des régions subtropicales aux régions polaires.



Dimanche 6 janvier 2019

Lundi 7 janvier 2019

Mercredi 16 janvier 2019

Jeudi 17 janvier 2019

Dimanche 20 janvier 2019

Mercredi 23 janvier 2019

Dimanche 27 janvier 2019

Mardi 29 janvier 2019

Mercredi 30 janvier 2019

Vendredi 1er février 2019

Jeudi 7 février 2019

Mardi 12 février 2019

Jeudi 14 février 2019

Vendredi 15 février 2019

Samedi 16 février 2019

 




Dimanche 6 janvier 2019

C'est l'heure du départ pour la campagne ObsAustral 2019 dont THEMISTO fait partie. Les équipes des différents laboratoires impliqués dans ObsAustral 2019 se mettent en place :


- le LOCEAN-IPSL et le LEMAR (UMR 6539) pour les programmes THEMISTO (responsable Cédric Cotté, LOCEAN-IPSL) et OISO (responsable Claire Lo Monaco, LOCEAN-IPSL)


- IFREMER en Manche Mer du Nord, BOREA (UMR 7208), IUT du Littoral Côte d'Opale (Département génie biologique) et la Station biologique de Roscoff pour le programme REPCCOAI (responsable Philippe Koubbi)


- le Laboratoire Géosciences Océan (UMR 6538, université de Brest) pour le programme OHASIS-BIO (responsable Jean Royer).


Sous le soleil de la Réunion, les derniers préparatifs ont lieu, les appareils qui seront utilisés pendant la campagne sont mis en route et testés. Dans le même temps, un topo sur la vie à bord est donné par l'équipage, suivi des instructions classiques sur la sécurité et les consignes d'évacuation, immédiatement mis en pratique par un exercice.










Il est donc temps de quitter le port de la Réunion et de prendre le large et le grand air austral (direction les 40èmes rugissants et les 50èmes hurlants !). Et, pour nous souhaiter bonne chance dans notre voyage pour les prochains 40 jours, des dauphins à long bec (stenella longirostris) nous accompagnent pendant nos premiers miles nautiques le long des côtes réunionnaises, direction plein sud.


Des dauphins à long bec accompagnent le Marion Dufresne vers le Sud



La campagne suivra le transit La Réunion-Crozet-Kerguelen-Amsterdam-La Réunion sur environ 6 semaines. Il est possible de suivre le Marion Dufresne en direct !



Trajectoire détaillée et escales prévues pendant la 4e campagne THEMISTO




Lundi 7 janvier 2019

Alors que nous continuons notre route vers le Sud, notre collègue Gildas Roudaut (IRD/LEMAR) partage avec nous cette inhabituelle vue aérienne du Marion Dufresne prise depuis un cerf-volant.


Photo aérienne du Marion Dufresne, au départ de l'ile de la Réunion, prise depuis un cerf-volant



Mercredi 16 janvier 2019

En pleine tempête !


Les 40ème rugissants n'ont pas usurpé leur réputation ! A peine arrivés dans la zone des 40èmes (nous avons donc dépassé la latitude de 40°S), nous nous retrouvons en pleine tempête. Autour de 7 h du matin, les vents se renforcent pour atteindre une moyenne de 50 noeuds (90km/h) vers 10 h, avec des rafales à 70 noeuds (environ 130k/h). La mer se creuse et l'avancée du bateau devient difficile. Le roulis s'intensifie et nos déplacements sur le bateau deviennent chaotique. Malgré l'avertissement de bien attacher tout le matériel scientifique et personnel, mais aussi le mobilier des laboratoires et des cabines, les premières chutes d'objet se font entendre et les chaises volent ! Le repas devient un moment sportif où chacun tente de s'agripper à sa table, à sa chaise, à son voisin, tout en maîtrisant le coup de fourchette dans une assiette pas toujours stable...


Heureusement, le vent se calme en fin de journée, suivi par une houle moins intense quelque temps plus tard qui nous permet de nous remettre au travail dans la nuit. Nous ne pouvons pas prendre trop de retard car nous sommes attendus le lendemain à Crozet pour une escale rapide.

 

 

 

 

 

 

 

 

 






Jeudi 17 janvier 2019

Escale à Crozet : Des hommes, des manchots et des orques


Après l'épisode tempétueux d'hier, nous arrivons à l'archipel de Crozet pour une courte escale. De façon inhabituelle, nous nous dirigeons à l'ouest de l'île de la Possession pour relever un mouillage acoustique. Nous allons ensuite vers l'autre côté de l'île où se trouve la base Alfred Faure. Ceci nous permet d'admirer le sud de ce bout de terre français perdu dans les eaux tumultueuses de l'océan austral. Nous mouillons à la baie du Marin, et nous voyons l'île de l'Est, très proche de la Possession et dont la silhouette se dessine dans la brume.



Commence alors le ravitaillement de la base et de ses habitants. Pendant ce temps, un grand nombre d'oiseaux tourne autour du bateau et des manchots nous rendent visite, curieux de venir voir qui est cet étrange visiteur. Une colonie de manchots royaux se trouve au fond de la baie, parmi lesquels on peut apercevoir d'autres espèces de manchots et des éléphants de mer.





Une belle surprise nous attend alors : bien que nous qui n'ayons pas eu l'autorisation de descendre à terre , des orques apparaissent entre le navire et la terre, longeant tranquillement la côte. Ce groupe se compose de 3 ou 4 individus, de tailles différentes, dont un est particulièrement grand avec une nageoire dorsale impressionnante. C'est probablement un grand mâle. Après cette rencontre fascinante, le ravitaillement prend fin et nous repartons reprendre le cours de notre mission.





Dimanche 20 janvier 2019

THEMISTO : Comprendre l'écologie du zooplancton et du micronecton dans un environnement changeant


Derrière ces termes de spécialiste en biologie marine se cachent des catégories d'organismes. Tout d'abord, le plancton représente les organismes qui n'ont pas (ou peu) la capacité de nager et sont donc soumis aux courants marins. Par opposition, le nectonest capable de se déplacer. Les méduses, les crustacés (copépodes, krill...), les mollusques, etc. constituent ce zooplancton dont la taille varie de quelques centièmes de millimètres à quelques centimètres. Le necton correspond aux organismes de plus grande taille jusqu'aux prédateurs supérieurs (mammifères marins, manchots, grands calmars, poissons, tortues) et le micronectonreprésente unefraction du necton incluant les plus petits organismes capables de nager comme les petits poissons, les grands crustacés et les céphalopodes.


Ce sont ces organismes que le programme THEMISTO étudie au travers d'instruments acoustiques qui équipent le Marion Dufresne. Les échosondeurs sont des sonars verticaux permettant de détecter, d'identifier et de localiser les bancs et les couches de zooplancton et de micronecton situés sous le navire. La zone de détection du sondeur est un faisceau en forme de cône. Plusieurs fréquences sont utilisées à bord : 18, 38, 70, 120 et 200 kHz.


La zone de détection du sondeur est un faisceau en forme de cône



Les enregistrements multi-fréquence qui en résultent permettent d'identifier les cibles acoustiques : chaque organisme présente une signature en fréquence qui lui est propre. Une image acoustique déroulante, appelée échogramme,  est obtenue à chaque fréquence au cours de l'avancée du navire. L'échogramme obtenu entre la Réunion et Kerguelen sur une campagne précédente, représentant la densité des organismes en échelle de couleur, en fonction de la profondeur sur la verticale et la latitude sur l'horizontale. Les grands mouvements verticaux journaliers illustrent les migrations verticales de nombreux organismes marins qui se retrouvent en surface la nuit et en profondeur la journée


Image acoustique (échogramme) obtenue sur un transit réalisé entre la Réunion et Kerguelen. L'échelle de couleur représente l'amplitude du signal à 38kHz (exprimé en dB) représentant la densité des organismes. La densité augmente du bleu vers le rouge. De La réunion à Kerguelen, la distribution des organismes est très contrastée indiquant un grandient marqué des communautés des eaux équatoriales aux eaux polaires.




Les mesures acoustiques sont ainsi réalisées en continu sur l'ensemble de la mission pendant tout le trajet de la campagne (par une équipe composée d'une stagiaire de Master 2 Sciences de la Mer de Sorbonne Université, Camille Merland, et moi même). Les informations obtenues par THEMISTO sur plusieurs années permettront de suivre les populations de zooplancton et de micronecton, d'estimer leurs changements de répartition en 3 dimensions et de détecter éventuellement des tendances à long terme face aux modifications de leur environnement et au changement climatique.


En plus de la complémentarité avec les autres programmes océanographiques ayant lieu simutanément à bord, THEMISTO est en lien étroit avec les programmes de suivi satellite des oiseaux et mammifères marins qui a lieu à partir des colonies de Kerguelen, Crozet et Amsterdam. Ces mesures apportent des informations précieuses sur les proies de ces prédateurs marins supérieurs qui s'alimentent en mer sur les organismes zooplanctoniques et sur le micronecton afin de mieux comprendre leur écologie et les relations proie-prédateur dans l'écosystème marin austral.



Cédric Cotté (LOCEAN-IPSL) responsable du porgramme THEMISTO



Mercredi 23 janvier 2019

OHASISBIO : A l'eau, j'écoute!


Nous sommes aujourd’hui au niveau de la station la plus méridionale de la campagne, située à 56°30 S. La mer est agitée mais les conditions permettent tout de même les opérations prévues. Ce matin, nous relevons/déployons un mouillage acoustique pour la 4ème fois depuis le début de la mission.


Maëlle Torterotot est étudiante en thèse à l’école doctorale des sciences de la mer et du littoral à l’Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM) à Brest. Son sujet de doctorat est « traitement et analyse de données bioacoustiques dans l’océan Indien austral ». Elle nous parle du programme d’acoustique passive (par opposition à l’acoustique active utilisée par le programme THEMISTO) dans lequel elle est impliquée dans le cadre de sa thèse.


"Le programme OHASISBIO (Observatoire Hydroacoustique de la SISmicité et de la BIOdiversité dans l’océan Indien austral) a été initié en 2010 par Jean-Yves Royer, du laboratoire Géosciences Océan de l’université de Brest. Un réseau de 7 à 10 hydrophones, selon les années, enregistre l’activité sonore océanique dans les régions de La Réunion, Crozet, Kerguelen et Amsterdam. Tous les ans en début d’année, durant la mission océanographique ObsAustral menée à bord du navire Marion Dufresne, les hydrophones en place sont relevés puis remplacés par de nouveaux instruments. Ceci nous permet de récupérer les données acquises durant l’année et de remplacer les piles usagées par de nouvelles.


Chaque hydrophone remis à l'eau reste alors immergé un an à une profondeur d’environ 1 000 mètres, sur une ligne de mouillage représentée en Figure 1. Le lest permet au mouillage de rester en position sur le fond et le largueur sert à détacher la ligne du lest pour la faire remonter lors de la récupération de l’instrument. Il est relié à la bouée par plus de 3 000 mètres de corde. L’hydrophone se trouve à l’intérieur de la bouée. Il enregistre en continu le paysage acoustique basses fréquences.



SCHEMA DU MOUILLAGE D'HYDROPHONE OHA-SIS-BIO


 

 

 



DEPLOIEMENT ET RECUPERATION DU MOUILLAGE D'HYDROPHONES


Avant le larguage du mouillage...

Préparation du mouillage

Grapinage du mouillage

Remontée du mouillage


Cet observatoire est dédié à l’étude de l’activité sismique, à la caractérisation du bruit ambiant océanique et à l’analyse de l’activité vocale de grands cétacés. C’est cette dernière partie qui m’intéresse plus particulièrement pour la thèse que j’effectue au sein du laboratoire Géosciences Océan à Brest. Les grandes baleines produisent des sons très puissants et spécifiques à chaque espèce. Nos enregistrements contiennent principalement des cris de rorquals communs (Balaenoptera physalus) et de plusieurs populations de baleines bleues (Balaenoptera musculus). Savoir reconnaître ces sons permet de déterminer où et quand ces espèces sont présentes et de reconstituer ainsi leurs mouvements migratoires à travers l’océan Indien austral."



Ecoutez cet enregistrement de vocalisations de baleines bleues Antarctique ! Ces vocalisations sont très basses fréquences et donc inaudibles par l'oreille humaine. Pour pouvoir les écouter, le son a dû être accéléré 20 fois.




Nous croisons une baleine bleue (Balaenoptera musculus)...



Dimanche 27 janvier 2019

Escale à Kerguelen


Nous faisons aujourd'hui escale à Kerguelen, archipel également connu comme "îles de la désolation". Il tient ce nom prometteur des premiers explorateurs qui ont trouvé l'aspect de ces terres rudes et découpées peu accueillantes. Lors de cette escale de ravitaillement et de récupération de personnels scientifiques, nous avons l'opportunité de descendre à terre. Nous ne ratons pas cette occasion pour nous dégourdir les jambes après 3 semaines en mer ! Après un petit tour à bord du chaland de Kerguelen, nous mettons le pied à terre sur la base de Port-aux-Français (au Sud de la péninsule de Courbet). Quelques mots de bienvenue nous sont amicalement prononcés par le chef de district (le représentant du préfet, surnommé ici "Dis-Ker") et nous voilà lâchés sur la base, libres de nous promener comme bon nous semble. Certains vont faire quelques emplettes à la coop de la base, ou bien à la gérance postale pour les philatélistes, tandis que d'autres en profitent pour partir en balade à la rencontre des autochtones à poils et à plumes.


Carte topographique des îles Kerguelen



Aux Kerguelen...



Non loin de (et sur) la base se trouvent quelques petites colonies de manchots royaux et papous, de cormorans et d'éléphants de mer. Nous prenons plaisir à les observer, même si certains animaux comme les éléphants de mer et les manchots, nageurs hors-pair dans les océans, paraissent moins à leur aise sur la terre ferme.

 

Eléphant de mer...


... et cormorans



Les routes des Kerguelen peuvent réserver bien des surprises !



D'ici, le "reste du monde" se trouve à peu près dans la même direction. Pour ce qui est de la distance, c'est autre chose !



Malheureusement, il est déjà temps de rentrer sur la base car l'escale est courte et nous sommes attendus pour retourner à bord. Les derniers à embarquer sont traditionnellement les hivernants qui ont passé une année entière sur l'île, assurant les opérations de terrain des différents programmes scientifiques.




Nous repartons de Kerguelen les batteries rechargées sous un coucher de soleil dessinant les silhouettes mystérieuses des îles du Golf du Morbihan... Vous êtes bien dans l'hémisphère sud, les Kerguelen ont aussi leur golf du Morbihan !



Mardi 29 janvier 2019

Le Marion Dufresne remonte lentement vers le nord des Kerguelen. Savez vous que vous pouvez voir sa position en direct ?


Suivez en direct la trajectoire du Marion Dufresne en cliquant sur l'image



Mercredi 30 janvier 2019

REPCCOAI - Volet 1: Ecophysiologie du krill


Nous sommes aujourd'hui à la 15ème station de la campagne. A chacune d'elles, le programme REPCCOAI (Réponses de l'écosystème pélagique aux changements climatiques de l'océan austral indien), mené par Philippe Koubbi (Sorbonne Université) et Jean-Yves Toullec, consiste à prélever des organismes du plancton et du micronecton. Jean-Yves, enseignant-chercheur de Sorbonne Université à la station biologique de Roscoff et spécialiste de l'écophysiologie du krill, nous explique le but de ces prélèvements.



Remontée de filet



Une des composantes du programme REPCCOAI a pour objectif l’étude du krill au sens large. L’appellation "krill" regroupe 85 espèces de crustacés regroupés dans les Euphausiacés. Ce sont des animaux qui ressemblent à des crevettes, qui ne sont pas des crevettes, et qui vivent souvent dans la partie supérieure de la colonne d’eau. Ce krill est un élément important du plancton et constitue un maillon fondamental de la chaine trophique des océans et plus particulièrement de l’Océan Austral. Il constitue notamment la nourriture essentielle des baleines, des manchots et des poissons dans ces eaux.



Récolte d'organismes (krill)


Animaux maintenus en aquarium en chambre froide



L’objectif du projet est d’étudier les facteurs déterminant la répartition des différentes espèces de krill sur le gradient latitudinal et de température afin d’identifier des possibles marqueurs moléculaires ou voies métaboliques impliquées dans cette répartition géographique. Une fois ces éléments identifiés, ils seront d’une aide précieuse pour suivre et même anticiper l’impact de l’augmentation de la température sur ces euphausiacés, notamment au niveau de l’espèce la plus emblématique, le krill d’Antarctique : Euphausia superba.


L'euphasia superba peut atteindre 6 cm



Vendredi 1er février 2019

Dorénavant, nous alternerons les actualités entre les activités scientifiques et des interventions régulières des membres de l'équipage. Une longue campagne en mer d'un mois et demi, c'est une tranche de vie, c'est une communauté éphémère qui se crée, résultat de la rencontre du monde scientifique et du monde maritime. Et, si le succès de la mission relève assurément d'une bonne démarche scientifique, il dépend aussi en grande partie du bon déroulé des opérations, du bon fonctionnement du matériel et des instruments, et de la "bonne vie" de tous à bord. Tous ces aspects de la campagne sont assurés par l'équipage du Marion Dufresne. La parole sera donc donnée régulièrement aux membres d'équipage pour nous expliquer leur rôle et partager leur expérience et leur ressenti.


Nous donnons donc la parole en premier au commandant du Marion Dufresne pendant la campagne, Adrien EYSSAUTIER.


Au premier plan, Adrien EYSSAUTIER, commandant du Marion Dufresne


Quel est votre rôle à bord ?

Je suis responsable de l'expédition maritime. Mon but est que cette mission soit un succès pour toutes les personnes à bord. Pour cela, avant toute chose, je dois m'assurer de ramener le navire, les personnes et leur matériel à bon port sans dommage. Je veille aussi à ce que chacun puisse effectuer son travail dans les meilleures conditions possibles et en toute sécurité dans cet environnement si particulier qu'est un navire au milieu de l'océan.

Quel est votre ressenti par rapport à l'équipe scientifique ?

Ce qui rapproche tous les scientifiques du bord est la passion de leurs recherches. On ne peut qu'être admiratif de cela, de cette passion. Celle-ci peut amener parfois à prendre certains risques qu'il est de mon devoir de rappeler. Au-delà d'un ressenti par rapport à l'équipe scientifique, je préfère analyser les différences qu'il peut y avoir entre les marins et les scientifiques. Ils vivent dans deux mondes extrêmement différents, de par leurs parcours et activités, et il est intéressant de voir ces personnes s'adapter les unes aux autres.

Echangez-vous avec les scientifiques sur leurs travaux de recherche ?

Les officiers invitent régulièrement un ou deux scientifiques à dîner à leur table afin d'échanger sur leurs travaux, leurs parcours. Ces échanges sont toujours très intéressants mais restent parfois frustrants en raison de la précision des travaux de recherches et des explications qui peuvent être données. Je me rends compte qu'il est très difficile pour les scientifiques de trouver des explications à ce type de travaux qui ne soient ni trop compliquées ni trop simples.

Que représente les océans/terres australes pour vous ?

D'un point de vue maritime, les océans et terres australes sont un endroit encore très peu connu. Nous sommes en dehors des routes maritimes commerciales, ce qui donne ce côté un peu "aventure et découverte" à l'expédition et c'est aussi ce qui crée un risque supplémentaire en cas d'accident. Avec le nombre de missions océanographiques que nous effectuons dans cette zone, il est aussi devenue un véritable laboratoire. L'activité de l'homme y passant ne laisse quasiment aucune trace, par contre l'activité de l'homme à l'échelle de la planète y est visible, ce qui en fait un vrai terrain d'observation. Mais les terres australes sont aussi magnifiques et grandioses par la météo qui les accompagne tout au long de l'année et la faune que nous y croisons.

Quel est votre parcours ?

Après un bac scientifique, je suis entré sur concours à l'Ecole Nationale de la Marine Marchande (aujourd'hui Ecole Nationale Supérieure Maritime). Après 5 années d'études, entrecoupées de stages embarqués dans différentes compagnies, je suis entré chez Louis Dreyfus Armateurs comme officier polyvalent (machine et pont). Toutes ces années m'ont permis de découvrir plusieurs types de navigation et de cargaisons différentes : le transport de passagers, de gaz, de vrac solide (charbon et minerais), de vrac liquide (pétrole), mais aussi de la recherche sismique, de la pose de câble de communication et aujourd'hui, le Marion Dufresne.



Jeudi 7 février 2019

Aujourd'hui, Florian ROQUETTE, chef mécanicien du Marion Dufresne pendant THEMISTO, a la parole.


Florian Roquette, chef mécanicien du Marion Dufresne



Quel est votre rôle à bord ?

En tant que Chef Mécanicien du Marion Dufresne sur cette mission, je supervise les travaux de maintenance et de réparation sur ce navire. Nous travaillons en équipe pour que le navire reste opérationnel en permanence. Nous effectuons enfin la conduite des machine, comme la gestion des groupes pour la production électrique, le chauffage ou encore la production d'eau douce.


Quel est votre ressenti par rapport à l'équipe scientifique ? Echangez-vous avec les scientifiques sur leurs travaux de recherche ?
En étant à la machine, j'ai moins de contact au niveau du travail avec les scientifiques que mes collègues du pont. De manière générale, il est très intéressant d'échanger sur leurs découvertes, leurs expériences, le but de leur recherches. Nous profitons des moments de détente, pendant les repas par exemple, pour partager sur ces sujets.

Avez-vous déjà vécu des expériences de campagnes en mer ? Si oui qu'est ce qui vous motive à y participer ?
Oui, j'ai déjà eu l'occasion de participer en l'occurrence à la mission Themisto - Mobydick en 2018, ainsi qu'une campagne de carottage au large de Taïwan. Ma principale motivation pour participer aux campagnes scientifiques, ainsi qu'aux rotations TAAF, est l'appel du large.

Que représente les océans/terres australes pour vous ?

Ce sont des lieux mystiques, où nous avons la chance de pouvoir mettre le pied, et où peu d'hommes l'ont fait. Ces lieux chargés d'histoire sont emprunts de paysages grandioses, mystérieux et impressionnants. Les éléments naturels sont à l'état brut et poussés à l'extrême. C'est cet ensemble qui fait la fascination que j'ai pour ces terres.

Quel est votre parcours ?

Après le bac, j'ai choisi de mener une vie de marin, j'ai donc rapidement intégré l'Ecole Nationale de la Marine Marchande de Marseille, où j'ai appris les bases techniques et théoriques pendant 5 ans. La formation est entrecoupée de stages embarqués. J'ai eu la chance de pouvoir poser mon sac sur différents types de navires : les portes containers de la CMA-CGM, les ferrys de la SNCM, la pêche sur chalutier en atlantique nord, les grumiers de la DELMAS, où nous chargions des billes de bois en Afrique de l'Ouest pour l'Europe. J'ai pu ensuite évoluer sur les Pétroliers de BROSTROM TANKERS, où j'ai eu mon premier poste d'officier mécanicien. Tout s'est ensuite enchaîné avec un poste de second, puis plus tard un changement de compagnie vers LOUIS DREYFUS ARMATEUR, jusqu'au poste de Chef Mécanicien que j'occupe aujourd'hui sur le Marion Dufresne. Après plus de 12 ans de navigation, je reste passionné et ne peux résister à l'appel du large.



Mardi 12 février 2019

Quand l'air de la terre influence la vie de la mer


Durant la campagne ObsAustral-OISO19, Carla Geisen, étudiante en 2ème année de thèse à Sorbonne Université, et Céline Ridame, sa directrice de thèse et enseignante-chercheure de Sorbonne Université au LOCEAN-IPSL, étudient l’impact des dépôts naturels de cendres volcaniques et de poussières désertiques sur l’activité du phytoplancton. Lorsque les aérosols atteignent la surface de l’océan, ils se dissolvent partiellement et libèrent ainsi des composés chimiques comme le fer, l’azote, le phosphore et le silicium. Ces éléments, appelés nutriments, sont nécessaires à la croissance des micro-algues qui se trouvent à la base de la chaine alimentaire dans l’océan.


Carla Geisen et Céline Ridame


Or, l’Océan Austral est naturellement pauvre en différents nutriments, ce qui limite la croissance du phytoplancton. Un apport naturel de nutriments par un dépôt d’aérosols peut ainsi agir comme fertilisant et provoquer une augmentation rapide de la quantité de micro-algues. Durant la campagne, plusieurs expériences ont donc été réalisées pour quantifier la réponse biologique des communautés de phytoplancton face à de tels apports atmosphériques : de l’eau de surface contenant des micro-algues a été prélevée à l’aide de bouteilles (GoFlo, DT INSU) spécialement conçues pour empêcher toute contamination métallique par le navire. Puis, cette eau a été incubée pendant deux jours dans des incubateurs de pont (Institut Méditerranéen d'Océanologie, Karine Leblanc) avec des quantités représentatives d’aérosols naturels. Les échantillons biologiques (phytoplancton) et chimiques (nutriments) prélevés à l’issue de ces expériences seront mesurés au LOCEAN, de retour à terre.


Bouteille de prélèvement des eaux de surface


Contenants d'échantillons biologiques et chimiques



Jeudi 14 février 2019

Gabriel, médecin de bord du Marion Dufresne pendant la campagne, répond aujourd'hui à nos questions.


Gabriel, médecin à bord du Marion Dufresne


Quel est votre rôle à bord ?

Mon rôle principal est la préservation de la santé des 86 membres de l'équipage du Marion Dufresne. Je peux aussi être sollicité pour rapatrier un blessé d'une base des "Australes". Pour ce faire, je dispose d'un "hôpital de bord" permettant la prise en charge des maladies les plus fréquentes ainsi que des accidentés. Il y a notamment le matériel adéquat pour réaliser des radiographies ou échographies, plâtres, une oxygénothérapie, voire des opérations chirurgicales ou un prise en charge réanimatoire. Fort heureusement, ces derniers cas sont fort rares, et le quotidien est plus proche de ce qui se fait en cabinet de médecine générale. Parmi mes autres rôles, je dois veiller au registre et au renouvellement de la pharmacie de bord, à l'entretien du matériel et à la formation du personnel d'aide médicale, issu des marins affectés aux cuisines. Je profite des exercices incendie hebdomadaires pour revoir avec eux les gestes qu'ils pourront être amenés à faire dans l'urgence.


Quel est votre ressenti par rapport à l'équipe scientifique ? Echangez-vous avec les scientifiques sur leurs travaux de recherche ?

Etre issu du milieu médical me permet heureusement une certaine familiarité avec le raisonnement scientifique. Il est passionnant de voir les différents programmes scientifiques et les équipes qui les dirigent se concentrer tous sur le même sujet : l'Océan Indien et son évolution dans le temps ; mais chacun avec leur angle d'approche propre et complémentaire. A l'occasion des manipulations, lors du repas ou des conférences du soir, les scientifiques sont avides de partager leurs connaissances. Je reviendrai des "Australes" avec une bien meilleure connaissance de notre planète bleue.


Le libre service de l'hôpital du Marion Dufresne


Avez-vous déjà vécu des expériences de campagnes en mer ? Si oui, qu'est ce qui vous motive à y participer ?

L'OBS-Australe est ma première expérience maritime de la sorte. J'avais d'ailleurs quelques appréhensions à partir si longtemps en mer. Ma motivation est triple : 1. aller à la rencontre des mythiques îles Australes, rêve de nombre de voyageurs - 2. me fondre dans un milieu scientifique qui étudie notre planète et certaines maladies dont souffrent ses océans. 3. troquer ma casquette de neurologue hospitalier pour exercer une médecine du tout venant en milieu isolé.

Que représente les océans/terres australes pour vous ?

Pour le voyageur que je suis, à la recherche de nouveauté, les TAAF font partie des endroits les plus isolés et inaccessibles au monde. Un espace encore relativement protégé de l'espèce humaine, où il existe une étroite collaboration entre les scientifiques et les agents de protection de la réserve naturelle. L'occasion de découvrir d'un coup d’œil furtif une faune rare : manchots royaux, éléphants de mer, orques, albatros... Pour le médecin, c'est aussi un défi d'autonomie technique. Quelque soit la gravité du cas, il va falloir débuter les soins sur place. A titre d'exemple, Paul Laforêt, médecin référent des TAAF, m'a donné un jour une image frappante. Un cosmonaute malade dans une station spatiale orbitale peut techniquement prendre une capsule de secours, être réceptionné en hélicoptère puis en avion et adressé à un centre hospitalier de référence dans les 24 à 48 heures. On comparaison, même dans des conditions de chance optimale avec le Marion Dufresne au mouillage de Port aux Français, il faudrait au minimum une à deux semaines pour rapatrier un malade de Kerguelen jusqu'à un hôpital de la Réunion. C'est donc bien une médecine de milieu isolé, mais avec une entraide possible en sollicitant par téléphone ou mèl les avis de médecins spécialistes à terre. J'ai moi-même déjà été sollicité en tant que spécialiste dans ce cadre, et avoir vécu une mission sur le Marion Dufresne me permet de connaitre les moyens disponibles sur les bases, et d'ajuster l'avis pour qu'il soit de la plus grande aide possible au médecin en difficulté.

Quel est votre parcours ?

J'ai débuté mes études de médecine à Paris-Sud avant de choisir de me spécialiser en Neurologie à Grenoble. J'ai terminé mon internat de Neurologie au Centre Hospitalo-Universitaire de Saint-Pierre à La Réunion, où j'exerce depuis 3 ans. La Réunion, l’Île Intense, répond parfaitement à mes attentes, et il est probable que l'on m'y voit encore longtemps.



Vendredi 15 février 2019

Le programme OISO (Océan Indien Service d’Observation), présent à bord du Marion Dufresne depuis 1998, réalise un suivi à long terme des propriétés hydrologiques et biogéochimiques liées au cycle du carbone dans l'océan Indien Sud et dans l'océanAustral. Cette année, pour la 29ème campagne (OISO-29), Claire Lo Monaco (LOCEAN-IPSL / Sorbonne Université), co-responsable du programme, et Claude Mignon (LOCEAN-IPSL / CNRS), responsable de l’instrumentation, étaient accompagnés de Céline Ridame (Maitre de Conférence, LOCEAN / Sorbonne Université), Carla Geisen (Doctorante de Sorbonne Université) et deux étudiantes : Coraline Leseurre (Aix-Marseille Université) et Marion Chapeau (Sorbonne Université).


Durant la campagne, l’équipe assure des mesures en continu dans les eaux de surface grâce à un système de pompage qui amène directement dans le laboratoire d’analyse l’eau de mer prélevée sous la coque du navire. Des prélèvements sont aussi réalisés dans la colonne d’eau (sur 20 sites revisités chaque année) à l’aide d’une rosette équipée de 24 bouteilles Niskin permettant d’échantillonner l’eau de mer à différentes profondeurs. Ce système est couplé à une sonde CTD (Conductivity-Temperature-Depth) pour enregistrer les paramètres hydrologiques (salinité, température, pression) ainsi qu’à un capteur d’oxygène et un fluorimètre. Les observations OISO, notamment la pression partielle de CO2 océanique et atmosphérique, le carbone inorganique dissous (DIC), et l’alcalinité totale, (complétés de mesures d’oxygène dissous, de chlorophylle-a, de macro-nutriments et de la composition isotopique du DIC et de l’eau) permettent de répondre aux trois principaux objectifs du programme qui sont :

  • mieux comprendre les variations saisonnières, interannuelles et décennales des sources et puits de CO2 océanique
  • quantifier l’accumulation de CO2 anthropique dans l’océan intérieur et son évolution
  • suivre l’évolution du pH océanique en réponse à l’accumulation de CO2 anthropique et au changement climatique


La Rosette et ses 24 bouteilles Niskin à la remontée



 

Samedi 16 février 2019

Si une grande majorité d'hommes compose l'équipage du Marion Dufresne, quelques femmes y sont présentes et y ont un rôle clé. Karen Carpentier, lieutenant océano à bord, a aujourd'hui la parole.


Karen Carpentier, lieutenant océano sur le Marion Dufresne


Quel est votre rôle à bord ?

Occupant le poste de lieutenant Océano à bord, je suis en charge sur le pont, sous la direction du second capitaine, d’un déroulement efficace dans un cadre de travail fiable, de la mise en œuvre des opérations permettant les différents prélèvements scientifiques. Certaines manipulations nécessitent la mise à l’eau de notre workboat (petite vedette). Je suis alors responsable de sa conduite, du déroulé de l’opération sur le plan d’eau et de son aboutissement dans un contexte garantissant la sécurité des personnes impliquées. Je suis également tenue de la conduite et de la maintenance des apparaux (ensemble des appareils de manœuvre, sur un bateau) de pont et des équipements océanographiques.

Quel est votre ressenti par rapport à l'équipe scientifique ?

Le milieu scientifique est un monde de passionnés, tout comme le monde maritime. Nos univers sont différents, certaines divergences suscitent la curiosité et forcent à la découverte et à l’échange. Il s’agit donc tant d’une expédition maritime, scientifique, que d’une aventure humaine.

Echangez-vous avec les scientifiques sur leurs travaux de recherche ?

Les scientifiques organisent des réunions expliquant l’intérêt de leurs travaux. C’est l’occasion pour l’équipage de comprendre la mission dans sa globalité et les problématiques soulevées.


Avez-vous déjà vécu des expériences de campagnes en mer ? Si oui, qu'est-ce qui vous motive à y participer ?

Obs-Austral 2019 est ma première mission à bord du Marion Dufresne II. C’est pour ma part une totale découverte que je vis avec un enthousiasme non dissimulé !

Que représentent les océans/terres australes pour vous ?

J’ai découvert les terres australes grâce aux missions nécessitant le workboat : récupération de passagers sur Crozet et Kerguelen, opération de dépollution dans le cratère de l’île d’Amsterdam. Mon premier ressenti a été la découverte d’une terre vierge de l’impact de l’Homme. La nature est pure, belle à l’état brut, on se sent privilégié de voir cette abondance de nature sauvage, authentique.

Quel(le) est votre parcours/formation ?

Après mon BAC S, j’ai intégré l’ENSM (Ecole Nationale Supérieur Maritime) du Havre sur concours. La formation comprend des cours techniques, théoriques et des stages embarqués. Après trois années d’études, j’ai été embauchée chez Louis Dreyfus Armateurs en tant que lieutenant pour naviguer sur des navires sismiques. Nous avons prospecté dans le Golfe du Mexique et en mer du Nord notamment. Puis j’ai embarqué sur un câblier de pose en mer Rouge et je suis retournée à l’Ecole pour effectuer ma cinquième année à l’ENSM de Nantes. J’ai ensuite travaillé sur un câblier de réparation en tant que lieutenant DP (manoeuvre pendant les opérations) dans un premier temps puis en tant qu’officier câble. Nous avons exercé au large du Groenland, du Royaume-Uni et en Atlantique. J’occupe aujourd’hui le poste de Lieutenant Océano à bord du Marion Dufresne. Les différents types d’exploitation des navires enrichissent l’expérience aussi bien professionnelle que personnelle.



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Texte : Cédric Cotté (LOCEAN-IPSL)

Photos : @ non spécifié : Cédric Cotté (LOCEAN-IPSL) - Autres : Gilles Roudaut (IRD-LEMAR) J.-P. Robin, C. Merland, J.-Y. Toullec

Edition et mise en page : Isabelle Genau (ICoM - Service de communication IPSL) - Janvier 2019