La mission IASI traque les pics de pollution à Singapour et en Malaisie depuis l’orbite polaire
Depuis juin, des feux de biomasse allumés à Sumatra provoquent une pollution intense à Singapour et en Malaisie. Grâce aux mesures des satellites IASI et MODIS, des chercheurs de l’IPSL étudient en permanence les déplacements des panaches de pollution et peuvent estimer la superficie des terres brûlées.
La pollution à Singapour et dans les environs a atteint un niveau record au mois de juin, affectant la qualité de l’air durablement (Figure 1). Des centaines d’écoles sont restées fermées plusieurs jours et les personnes fragiles ont été invitées à rester à l’intérieur. Les niveaux très élevés de pollution sont liés aux feux de biomasse allumés sur l’île voisine de Sumatra (Indonésie).
Bien que la réglementation locale l'interdise, les agriculteurs de Sumatra brûlent en effet les forêts pendant la saison sèche pour préparer le sol pour de nouvelles cultures. La plupart des incendies ont eu lieu sur des terrains dédiés aux plantations d'huile de palme ou d'arbres à croissance rapide, pour l'industrie du papier. L’intensité des incendies combinée à la direction dominante du vent a conduit aux niveaux de pollutions exceptionnels enregistrés mi-juin en Malaisie et à Singapour.
Les chercheurs de l’IPSL (LATMOS et LMD) ont combiné les données enregistrées par les satellites IASI et MODIS pour étudier les déplacements des panaches de pollution et estimer les surfaces brûlées. L’instrument IASI permet de mesurer, 2 fois par jour, les concentrations de monoxyde de carbone (CO), un polluant important. L’animation (Figure 2) illustre les pics de CO enregistrés dans les environs de Singapour en juin. L’instrument MODIS permet d’estimer le nombre et l’intensité des feux. Les premières estimations conduisent à estimer que plus de 700 000 hectares ont brulé (Figure 3).
La mission IASI
La mission IASI lancée à bord du satellite MetOp-B est opérationnelle depuis fin Avril. Il s’agit du deuxième exemplaire d’un sondeur infrarouge qui permet à la fois d’améliorer les prévisions météorologiques à court terme et de surveiller quotidiennement la composition de l’atmosphère. Cet interféromètre infrarouge conçu par le CNES et lancé par Eumetsat, a nécessité des années de développement industriel et a déjà fourni des milliards de données à analyser pour les scientifiques de l’IPSL (LISA, LMD, LSCE et LATMOS), depuis le lancement du premier IASI sur MetOp-A fin 2006.
Les chercheurs IPSL ont été impliqués dès la conception de l’instrument, et dépouillent aujourd’hui les observations des deux instruments simultanément pour étudier la composition atmosphérique, et suivre les épisodes de pollution exceptionnels comme celui-ci. |